Maharaj : Vous agissez comme celui qui va au travail tous les matins pour pouvoir toucher son salaire ; vous, vous venez ici parce que vous voulez la connaissance. Mais une fois que vous avez cette connaissance vous n’avez plus besoin de rester ici.
Vous espérez acquérir la connaissance, et en attendant vous restez cloués ici ; mais seuls devraient rester ceux qui cherchent vraiment. (Maharaj congédie quelques personnes).
Je ne veux plus d’amateurs ici. Seuls devraient rester ceux qui sont prêts à tout donner pour avancer, ceux qui sont vraiment sérieux.
Si vous êtes vraiment sérieux, il faut accepter ce que je dis sans réserve ; sinon ne restez pas, je ne suis pas ici pour vous amuser. Et quel est mon message ? Vous n’êtes pas ce corps. Vous êtes la présence consciente. Acceptez cela, et oubliez-le.
A l’avenir, je ne vais pas me pencher sur les problèmes individuels. Je vous dirai seulement : « c’est faux » ou « c’est vrai ». Si vous n’êtes pas d’accord, vous pouvez partir.
Question : Je ne suis pas capable d’accepter ce que Maharaj m’a donné.
M : Si vous n’en êtes pas capable, ne restez pas. Je n’ai plus rien à faire avec le temporaire. Je ne désire pas l’état de conscience. Qu’il disparaisse, le plus tôt sera le mieux. Une fois qu’on sait ce qu’est le temporaire et ce qu’est l’état d’origine, on n’a plus besoin de rien. Dès que la conscience s’est éveillée, le temps et l’espace ont fait leur apparition. Elle existe dans le temps. Tout le monde souffre dans cette structure espace-temps ; pourquoi penser que chaque souffrance est unique ? De toute éternité j’étais dans cet état de béatitude complète, totale ; d’un seul coup, je me retrouve dans cet état d’imperfection. Ceux qui ont saisi la connaissance que je leur ai présentée se détourneront des raisonnements ou de la spiritualité préconisés par d’autres. J’affirme à tout savant lettré imbu de sa sagesse que j’étais là, à l’observer, quand il est venu au monde. Est-ce que c’est quelque chose que vous pouvez accepter ?
Q : Oui. Pourquoi la conscience s’est-elle éveillée ?
M : Accrochez-vous à cette conscience, et vous comprendrez pourquoi elle s’est éveillée, sans cause. Personne d’autre ne peux vous expliquer pourquoi et comment elle s’est éveillée.
C’est la conscience dans le manifesté qui parle sans arrêt, pas moi. Comment le langage fait-il son apparition ? A cause de vos efforts ?
Si vous saisissez l’essence de ce que je vous dis, vous allez éclairer le monde. Ceux qui errent de par le monde, sans but, n’auront rien. Savez-vous ce que vous voulez ?
Eknath, un sage dans la campagne , a écrit des poèmes merveilleux ; il s’écria : « J’ai été piqué par un scorpion ! ». Qu’est ce que cette piqûre ? C’est la conscience. Cette connaissance des choses, c’est le scorpion qui m’inflige cette souffrance, sous la forme de toutes ces expériences, tous ces concepts.
En tant que Jnani, je vous le dis, rien n’est réel ! C’est une pièce jouée par votre conscience, et votre conscience vient du corps sustenté par la nourriture.
Q : Je rends grâce à mon corps qui m’a amené ici.
M : Vous êtes venu ici juste pour vous suicider.
Maharaj : Celui qui est sérieux dans sa recherche se penche sur ces questions sans arrêt : quand le corps-esprit n’est plus, que suis-je ? Quelle est la Réalité Ultime ?
L’Etat Absolu ne peut pas être expliqué par des mots. Les mots ne sont que des signes. Vous êtes cet Absolu, cet Immuable. La conscience, le fait de connaître, est homogène et une. Quand vous êtes dans cet état de conscience, tout est le même un, mais avec des expressions différentes.
Tout ce qui passe, qui est utilisé, et s’épuise, n’est pas réel. A la fin du voyage votre connaissance s’épuisera, elle s’effacera, il est donc impossible qu’elle soit le réel ; mais vous ne pouvez pas l’ignorer, il faut la comprendre dans sa totalité.
Juste maintenant il y a un nombre infini de faits qui vous lient à ce monde, parce que vous êtes liés au souffle vital. Quand il disparaîtra, que pensez-vous qu’il arrivera à tous vos liens avec le monde ?
Je n’explique pas tout ça en pure perte, beaucoup de gens en ont profité. Le moment viendra quand eux aussi seront des éveillés, et communiqueront la connaissance à leur tour.
Un Jnani reste dans le même état, avec ou sans corps.
Méditez, ne perdez pas ce que vous avez acquis.
Quand on ne s’identifie plus au corps on transcende non seulement le corps, mais aussi la conscience, car elle est un produit du corps. La conscience cesse son refrain « Je suis, Je suis ».
Extrait de Conscience et Absolu, Editions Les Deux Océans 1997