vendredi 22 mars 2019

Entretien du 29 décembre 1980 (A la Source de la Conscience)


Maharaj : S’asseoir en méditation aide la conscience à fleurir. La méditation provoque une compréhension en profondeur et un changement spontané de comportement. Ces changements se produisent dans la conscience elle-même, pas dans la pseudo-personnalité. Les changements volontaires sont limités au mental. Les changements au niveau du mental sont artificiels et différents de ceux qui se produisent dans le principe de naissance. Ces changements arrivent tous seuls, d’eux-mêmes, à la suite de la méditation.
La plupart des gens aperçoivent l’arbre de la connaissance et l’admirent, mais ce qui doit être compris est sa source... la graine, la force latente d’où il a germé. Beaucoup en parle intellectuellement, j’en parle à partir d’une connaissance directe.
La plus infime particule de conscience, semblable à une graine, contient le monde entier.
La structure physique est nécessaire à sa manifestation.
Toute ambition, tout espoir, tout désir est relié à une identité et tant qu’une identité subsiste, La vérité ne peut pas être perçue.


Visiteur : La totalité de la manifestation, le phénoménal en son ensemble, a-t-il un destin ?

M. : Comme il n’existe aucune identité indépendante que pourrait être ce destin ? Le carburant est le destin de la flamme, de même le corps-essence-de-nourriture est la destinée de la conscience. Seule la conscience offre une destinée et la destinée offre la souffrance. Nous imaginons une conscience personnalisée à la suite de cette identification fausse. La conscience est en fait vaste et sans limite.
La source de la conscience est antérieure au temps et à l’espace. La manifestation exige temps et espace mais sa source était là avant que débute la conscience.
La manifestation comprend cinq éléments, trois attributs et surtout la conscience, ce constat « Je suis »
Qu’est-ce qui peut exister en dehors de ma présence consciente ? Même les éléments ne peuvent pas exister sans moi. Je ne fais rien, je ne crée rien, ils apparaissent à la suite de ma présence consciente. Ma présence est partout et à l’Intérieur de tout. Je l’affirme avec force ! Certains pourront lire ces mots, certains pourront les avoir entendus ici ou les écouter sur un magnétophone.
Certains voudront les écouter mais seront propulsés tellement loin de ces enregistrements par les circonstances que cela ne sera pas possible. Il existe des millions de formes différentes au sein de la manifestation, mais la source de tout est la conscience. Quelle est cette conscience ? ...Qui se pose vraiment des questions là-dessus ?
En rêve on peut voir des lunes et des étoiles, toutes sortes de choses, mais il n’y a pas d’identité.
C’est dans l’état de veille que la conscience doit être comprise. Les gens vont et viennent, les images vont et viennent, les éléments vont et viennent, moi, Je demeure. Je suis conscient de ma conscience et c’est uniquement là que se déroule le spectacle.
Supposons que soit annoncée la visite d’une personne très importante. Les maisons sont nettoyées, on dresse des stands et des estrades, les rues sont décorées, on met au point tout un spectacle ! Pourquoi ?
Est-ce vraiment pour ce grand personnage ? Certains jeûnent un mois entier, acceptent de dures disciplines mais ils espèrent bien en retirer un profit plus important que leurs efforts !
On regarde de tous côtés mais jamais vers la source.
Éliminez cette énergie de naissance et voyez s’il vous est encore possible de faire quelque chose.
Nous limitons une énergie sans limite à ce phénomène grossier qu’est le corps. Réfléchissez profondément sur cette proposition : si ma présence consciente était absente, que pourrais-je bien être ?
J’aime les mots qui jaillissent spontanément, j’aime observer combien ils sont libres et vrais !
Un assassin est en fuite. Il a commis des meurtres, des attentats, la police internationale est activement à sa recherche mais n’arrive pas à le trouver. Les Écritures traditionnelles sont ainsi, n’arrivant pas à découvrir ou localiser l’Absolu. C’est au-delà de la compréhension des Védas, Purunas, etc, parce que ce n’est pas conceptuel. Le meurtrier est très fier de triompher des pièges de toutes les forces de police. Il est tellement sûr de lui, tellement fort, qu’il va s’asseoir à l’endroit même où sont mis au point les plans pour le capturer. C’est pour cela qu’on ne l’attrape jamais !
Tout le monde doit mourir alors mourrez avec votre vraie nature, pourquoi mourir en tant que corps ?
N’oubliez jamais votre vraie nature, elle est toujours là, ceci peut pour beaucoup être inacceptable, c’est pourtant un fait. Si vous voulez avoir une ambition, que ce soit la plus haute, au moins au moment de la mort vous serez l’Absolu ! Décidez-le dès à présent avec conviction et détermination. Un tigre s’approche de vous, quand il vous attaquera vous avez que votre mort est certaine, alors pourquoi mourir comme un lâche. Attaquez-le, peut-être qu’il s’enfuira ! Mais si le tigre ne fait que passer ne l’attaquez pas, ne lui sautez dessus que si c’est absolument nécessaire. Dieu est grand et Maya est vaste, mais vous, qu’êtes-vous à la fin ? Les modifications mentales vous entraînent continuellement loin du Soi. Personne ne veut s’enquérir profondément, totalement de ce qu’il est, on ne s’interroge qu’à un niveau superficiel.


Visiteur : Mon esprit n’est jamais tranquille, il se déplace continuellement ici ou là !

M. : Vous serez diverti par toutes ces divagations, mais vous n’arriverez jamais à la compréhension.
Tout ceci n’est qu’un divertissement appelé « spiritualité », parce que le véritable état des choses est le suivant : ce que vous êtes, vous l’êtes sans modifications.


Visiteur : Les désirs sont là ils continuent à vouloir être satisfaits.

M. : Finalement vous êtes quoi ?

Visiteur : je ne suis rien, l’esprit, l’intellect ... etc... continuent de fonctionner. 

M. : Alors pourquoi apprenez-vous tout ceci ?

Visiteur : pour servir les autres.

M. : Il y a eu de nombreux grands hommes, ils ont rendus de très grands services. Où sont-ils maintenant ?

Visiteur : Il y a beaucoup de vagues dans l’océan, elles se brisent et disparaissent. Je veux passer mon temps à être sans désir et à aider les autres. 

M. : Faites ce que vous voulez. La pluie tombe et rend service à tous les êtres vivants, elle ne souffre pas en rendant ces services. Tous les êtres qui se manifestent sont nourris par la pluie, cela les rend-t-ils plus heureux ?

Visiteur : c’est vrai tout le monde souffre et moi non plus je n’ai pas trouvé la paix. ... Comment nous voyez-vous Maharaj ?

M. : Je vois tout le monde comme je me vois. Cet être est simplement la combinaison des parents, mais vous êtes tous captivés par les concepts. Ils vous plaisent.

Visiteur : Quand je ne fais qu’un avec la musique, un paysage, etc., il n’y a plus que de la joie. Mais quand je suis en conflit, tout va mal. Quelquefois je me sens en colère, sans raison. Pourquoi ?

M. : Le corps, l’esprit, leurs actions, leurs réactions, ne sont pas des sujets dont je traite.
Je ne m’occupe pas de ces problèmes. Vous trouverez ailleurs un grand nombre de gens qui ne parlent que de ces choses, vous n’aurez pas à cherche bien longtemps !


Visiteur : Mais nous sommes pratiquement tous du côté du corps-intellect. Il n’y a pas une personne sur un million qui soit véritablement ouverte à ce que vous dites. 

M. : Posez-vous la question et ne vous occupez pas des autres.

Visiteur : D’un côté je me sens attiré par le silence et d’un autre je sens tous ces millions d’êtres qui souffrent. Les Sages ne font rien pour eux. 

M. : Parce que leurs souffrances sont illusoires.

Visiteur : Je sais qu’il y a quatre états, veille, rêve, sommeil profond, et un état qui est au-delà de ces trois. Intellectuellement je peux le comprendre. N’empêche que la souffrance est là !

M. : Débarrassez-vous de ces idées de quatre états et débarrassez-vous aussi de cette image de la souffrance des autres. Laissez le monde illusoire s’occuper de lui-même. Vous devez découvrir ce que Vous êtes.

Visiteur : Je veux pratiquer la naturopathie, l’enseigner aux autres et apprendre la sagesse.

M. : Vous n’y arriverez sûrement pas en développant ces concepts. Commencez d’abord par comprendre ce qui est dû aux circonstances et ce qui est réel. Vous êtes le produit des concepts de vos parents non ?

Visiteur : oui d’un point de vue conceptuel.

M. : L’intellect et tous les concepts résultent du concept primordial « Je suis ». Vos parents et vous êtes des concepts simultanés. Maintenant – sans rien faire, sans chercher à expérimenter quelque chose – quelle expérience avez-vous ? En cet instant ?

Visiteur : Je suis

M. : N’est-ce pas un concept ? Des concepts se forment à partir d’autres concepts. Tout ceci n’est qu’un vaste ensemble de concepts.

Visiteur : je voudrais pouvoir m’en libérer.

M. : Cela vous seul pouvez le faire, cela ne peut se transmettre par ouï-dire. Qui obtient la connaissance directe ? ... Quand s’est-il produit que je sois ? Je dois l’apprendre, moi, de première main, pas par quelqu’un d’autre. Vous êtes, vous savez que vous êtes. Voilà Le-Seigneur-très-Haut, La splendeur soudaine et explosive. Déposez vos armes, abandonnez-vous à lui et tout vous sera révélé.
C’est sans nom et sans forme, il faut lui rester fidèle avec une totale confiance.
Vous ne pourriez pas voir et juger les qualités de la lumière si vous n’étiez pas vous-même lumière. Vous êtes ce savoir subtil, c’est parce qu’il est présent que tout le reste est possible.

A la Source de la Conscience, Editions Les Deux Océans, 1991

mardi 5 mars 2019

Absolument rien ne meurt...


Absolument rien ne meurt, tout, tôt ou tard, devient infini ! 

Entretien du 8 octobre 1980 (A la Source de la Conscience)

vendredi 1 mars 2019

Entretien du 1er août 1980 (A la Source de la Conscience)


Maharaj : Toutes vos activités, qu’elles soient spirituelles ou matérielles, sont basées sur l’identification à l’individu. C’est vous, en tant que personne, qui souhaitez la libération et donc vous demeurez une personne, un individu ; c’est là que se trouve le problème.
Quelle que soit votre certitude d’avoir compris, tant que vous croirez la posséder, vous, en tant qu’individu, cette fausse identité se maintiendra. Celui qui a fait un certain progrès démontré par des résultats tangibles, est un Yogi mais comme son identification à un « je » est toujours là il demeure satisfait de ce qu’il a accompli et il n’évolue plus.
Il faut comprendre les deux aspects de cet être : voir cette nature physique inférieure qui a surgi de lui et en même temps constater qu’il n’existe pas de limites à ce que la conscience peut accomplir, bien que cet état soit par nature limité. Comment celui qui est averti de sa véritable nature et de son potentiel global peut-il se satisfaire de quelque chose relevant d’un état aussi limité ?
En fait le potentiel de la stabilisation de la conscience dans L’Absolu est si grand qu’il vous est impossible même d’imaginer à quoi cela peut correspondre. 
Vous ne pouvez donc vous le représenter que sous son aspect de pure conscience. 

Visiteur : Comment est-il possible de comprendre réellement que nous n’habitons pas cette conscience ?

M : En cet instant, vous êtes dans cette conscience, vous êtes dans cet état, mais vous ne pouvez vous empêcher de juger d’après le corps-intellect. Vous demeurez lié au corps-intellect et vous aimez ce lien. Même si vous viviez cent ans vous demanderiez encore une prolongation ! Dans L’Absolu il ne peut exister aucun besoin pas même celui de se connaître.

Visiteur : Cet état temporaire surgissant de l’Absolu, doit bien avoir une cause ?

M : C’est à cause de la friction qu’il apparaît, de l’interaction des cinq éléments entre eux. C’est semblable à deux très bons amis, leur amitié s’est maintenue pendant des années mais il se produit soudain un désaccord, une friction, et immédiatement ils se battent !
  
Visiteur : Le moment de la mort doit être une expérience traumatisante physiquement et psychiquement, non ?

M : Non, pas toujours. Pour celui qui s’est purifié de tout concept, la mort ne sera que béatitude.
Vous avez une grande culture, beaucoup de connaissances spirituelles, de la sagesse.
Malgré cela au moment de votre mort vous feuilletterez le carnet où sont notés les membres de votre famille... ! 

Visiteur : Si j’ai votre bénédiction j’aurai une mort paisible, je ne me souviendrai plus de personne. 

M : Restez fidèle à l’état le plus haut. Vous n’avez rien à faire, simplement écouter. Si vous écoutez correctement tout se produira de soi-même. Maintenant je viens de vous dire ce qu’est cet être, il est le produit du jeu des cinq éléments. Cette faculté de connaître est le résultat du corps -de- nourriture et c’est ce que vous n’êtes pas, donc, pourquoi vous inquiéter de départ de cette faculté de connaître ?
Avez-vous bien compris que vous êtes uniquement le témoin de cette conscience qui s’est manifestée ? Vous n’êtes pas la conscience, vous n’êtes pas la connaissance, Sat-Guruest votre véritable nature. 
La Conscience ne peut pas être séparée du monde ou de l’Univers parce qu’ils sont une même chose. Il s’agit de ma Maya, elle a surgi du fond de moi or je sais que je ne suis pas cette illusion, J’en suis simplement témoin, c’est simplement mon jeu, mon théâtre, mais je ne suis pas ce théâtre. 
La signification dernière de toute cette sadhana est vous. Quelle que soit votre existence, vous êtes. Personne jusqu’ici n’a écrit cela dans un livre, maintenant certains l’écriront.
Celui qui souhaite étudier cela, écrire là-dessus, devra avoir un point de vue lucide comme un homme de science. 
J’ai choyé excessivement cette connaissance apparue en moi et quel est le résultat final ?
Cette connaissance a été marquée au fer et à présent, sa marque est : « vous avez une maladie et vous allez disparaître. » Je connais donc bien la nature de cette connaissance qui a paru en moi, faites de même, découvrez-la ! J’ai dansé avec cette connaissance, je l’ai appelée Dieu et à présent elle est étiquetée, tamponnée, « malade ». Et alors ! Je sais ce que je suis et je suis avant cela. Je me plains à ma véritable nature et répond : « tout cela n’est qu’un jeu, un passe-temps, cela ne te concerne pas ! » 
Cette conscience même est malhonnête, parce qu’enfin... Je n’ai rien à voir avec tout cela ! Je suis le support. Les gens croient que je suis la cause mais je ne suis pas la cause, je suis la base, le point d’appui, je supporte tout cela !

Visiteur : Dans le Jnani l’être a atteint l’état de non-être et, malgré tout, le monde des apparences se déroule devant lui et il continue à agir. Comment est-ce possible ?

M : C’est un peu comme agir en rêve. Dans le monde du rêve les choses arrivent, elles se produisent d’elles-mêmes, vous ne faites rien.  De cet état élevé il n’existe que l’observation de l’être et de ses activités.  

Extrait de A la Source de la Conscience, Editions Les Deux Océans, 1991