Maharaj : La connaissance « je suis » a sa source dans l’amour, et cet amour se manifeste dans le monde. Quand cette connaissance point dans le Soi c’est le bonheur complet ; mais après deux ou trois ans l’enfant entre peu à peu dans le « je » et le « mien » et perd graduellement la joie du « je suis ». Le résultat de ce processus est qu’il en arrive à la conclusion qu’il est né et va mourir.
La connaissance « je suis » est apparue en vous, et voilà que l’on vous accuse de nombre de péchés et de naissances.
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Examinez-vous à fond ; êtes-vous un corps-mental ? Etes-vous né ? Qui êtes-vous ? Qu’êtes-vous ? Trouvez les réponses par vous-même. Avant de naître, il n’y avait rien, pas la moindre idée que vous alliez revêtir une forme ; vous n’avez pris connaissance de cette forme qu’après que votre mère vous ait eu présenté à vous-même. Cet examen terminé, plus la moindre idée de mort ne vous viendra à l’esprit.
Question : Qu’est ce que la connaissance, l’état de connaissance (knowingness) ?
M : Elle procède de l’essence de nourriture que votre corps a assimilée. Elle est matière, autant que le corps, et disparaîtra, tout comme la flamme que voici s’éteindra. Si nous voulons survivre pour le mois à venir, n’est-il pas indispensable que nous donnions à manger au corps ? Supposons que vous gardiez de la nourriture avariée quelque part. Après un certain temps des vers et des insectes vont s’y former. N’est-ce pas la nourriture qui leur donne la vie ? Qu’indique ce fait ? Que la force vitale qui s’exprime grâce à l’insecte est contenue dans l’essence de nourriture. La force génératrice de vie est contenue dans l’essence de nourriture, et celle-ci est en soi sa propre nourriture.
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Q : Tout à l’heure, Maharaj nous a parlé du « je suis » qui émane des cinq éléments. Les cinq éléments n’émanent-ils pas eux aussi du « je suis » ?
M : Oui, nous avons affaire à un cercle vicieux. Comprenez celui-ci et quittez-le. Si le corps de nourriture n’est pas là, vous serez ce que vous avez été avant que ce corps soit épuisé. La conscience, le monde, la manifestation expriment que « vous êtes ».
Pour nous résumer : comprenez tout cela et ne tentez pas d’interférer. Tous les prophètes et assistants sociaux sont venus en ce monde puis l’ont quitté ; ils n’ont pas pu changer ce qui est. C’est le jeu de la Mâyâ. Tout a surgi du néant et retournera au même état.
Le « je suis » est le produit des cinq éléments, et il produit à son tour les cinq éléments. Par conséquent, comment pourrions-nous le détruire ?
Q : La destruction est impossible, il suffit d’aller au-delà.
M : Le « je suis » fait partie du jeu. Vous lui êtes antérieur.
Extrait de Graines de Conscience, Editions Les Deux Océans, 1982