Maharaj : Maintenant, vous savez que vous êtes. Comment est-ce arrivé,
qu’est-ce qui vous fait savoir que vous êtes ? Il faut aller à la source. Il y
a cent ans, vous ne saviez pas que vous existiez. Aucun problème alors.
Maintenant, à cause de ce savoir, les problèmes ont commencé. C’est à cause du
corps que cet «être-moi» a fait son entrée, donc que savons-nous du corps et de
ce « sens du Je » ? »
Visiteur : Quand
le corps s’effondre, quand la personne est morte, est-ce que la mémoire et la
conscience continuent ?
M. : La conscience et la mémoire sont toutes deux
des qualités du corps sustenté par la nourriture. Sans le corps il n’est pas
question qu’elles continuent. L’« être-moi » est une qualité du corps sustenté
par la nourriture, mais le vrai Soi est autre chose.
Visiteur : Turiya (état de conscience suprême)
qu’est-ce que c’est ?
M. : Turiya veut dire que vous seul restez, rien
d’autre. Tant que vous savez que vous êtes, tout est. Apprenez ce que vous êtes
et vous aurez toutes les réponses ; découvrez l’origine du corps et de cet «
être-moi ». Découvrez tout cela et vous saurez ce que vous êtes.
Tout ce qui change n’est pas votre Soi ; ce
corps-esprit change constamment. Il n’était pas là, il est arrivé, il va
disparaître. Il n’est pas vous. Découvrez ce que vous êtes.
C’est la conscience qui est importante.
Concentrez-vous sur la conscience. Voilà ce qu’est la méditation, méditez et la
conscience vous dira tous ses secrets. La conscience aime cet amour-de-soi.
Concentrez-vous sur la conscience seulement, vous apprendrez à la connaître. Si
vous vous intéressez au monde alors vous ne vous intéressez pas à la
conscience. Intéressez-vous seulement à elle, alors elle vous dévoilera tous les
secrets et alors vous saurez ce que vous êtes. Ce « vous » saura qui vous êtes,
mais cet aperçu signifie conscience pure et, là, il n’y a plus de « Je ».
La méditation c’est se regarder. Être dans la
conscience, sans rien d’autre, c’est la connaissance sans langage que vous ÊTES.
Il y aura des pensées mais de plus en plus faibles, seul le sens d’être,
d’étant, continuera : seulement la conscience, sans activité aucune. Se
regarder agir, par exemple observer sa colère, est, à un niveau inférieur,
celui de l’identification au corps-esprit.
Extrait
de Conscience et Absolu, Editions Les Deux Océans 1997