vendredi 4 octobre 2019

Même ce moi disparaîtra.



Même ce moi disparaîtra. Même cet état conscient d'observer l'évidence «je suis» ne pourra plus dire «je vois», parce que là où cela voit il n'y a plus de «je». Cela ne dispose d'aucun apparatus permettant de dire «je».

Extrait de SOIS !, Éditions Les Deux Océans, 1994 (Chapitre 1 p.15)

mercredi 25 septembre 2019


Limitez vos intérêts et activités à ce qui est nécessaire concernant les plus élémentaires besoins pour vous et vos dépendants.
Economisez vos énergies et votre temps    
pour briser le mur
que votre mental a érigé autour de vous.
Croyez-moi, vous ne le regretterez pas.

Nisargadatta Maharaj 
"Je Suis"

jeudi 8 août 2019

Ahimsa, non-violence

Le véritable sens de ahimsa (non-violence) est de ne blesser les sentiments de personne. Développer une telle attitude permet de purifier le mental. Ainsi notre comportement se modifiera progressivement

Extrait de "Méditations avec Sri Nisargadatta Maharaj" éd. Aluna

Méditations avec Sri Nisargadatta Maharaj

vendredi 28 juin 2019

Qu'étiez-vous avant de "naître" ? (extrait)



Maharaj : Comprenez donc que ce que vous êtes, tant que le corps est là, est cette présence consciente. Une fois votre corps disparu, et avec lui le souffle vital, la conscience aussi s’en ira. Seul ce qui existait avant l’apparition de ce corps-avec-conscience, l’Absolu, le présent-à-jamais, est votre véritable identité. C’est cela que nous sommes tous réellement. C’est cela la réalité. Elle est ici et maintenant. Où est-il question de quelqu’un atteignant cette réalité ?
Qu’étiez-vous avant votre « naissance » ? Dans cet état, y avait-il le moindre besoin, le moindre manque, le moindre désir – y compris l’aspiration à la réalité, ou à la liberté, ou à être libéré ? En fait, c’est cela votre état originel, votre état ou nature véritable – un état de complétude, de divinité, de présence absolue et d’absence relative. La conscience, ou le sens d’être, ou l’Etre, est une réflexion de cet état, mais la réflexion du soleil n’est pas le soleil. Cette Présence Consciente, voilà ce que vous êtes, et non le corps qui ne constitue qu’une résidence de la conscience dans sa manifestation. Lorsque le corps « meurt », la conscience est libérée du corps et vous n’êtes même plus présence consciente, car alors il n’y a plus aucune présence relative. Vous êtes alors dans la Conscience Absolue originelle. Absence relative signifie Présence Absolue, sans conscience d’être présent.
Le désir de liberté, qui naît dans le cœur du chercheur au début du chemin, disparaît peu à peu lorsque celui-ci réalise qu’il est lui-même ce qu’il cherchait. La persistance de ce désir implique deux « blocs ». Tout d’abord, cela présuppose l’existence et la continuité d’une entité désirant la « liberté », alors qu’il ne peut être question de liberté pour un objet manifesté puisqu’un objet ne possède aucune existence en propre. En second lieu, ce désire repose sur le désir de se saisir intellectuellement de la réalité ; cela signifie essayer de capturer le non-connu et non-connaissable au sein des paramètres du connu ! Cela ne se peut.
Question : Quelle sâdhana pratiquer, alors ?
M : Là encore, pratiquer une sâdhana signifie présumer de l’existence d’un fantôme. Qui va pratiquer la sâdhana, et dans quel but ? Ne suffit-il pas, devant le faux, de voir sa nature de faux ? L’entité que vous pensez être est factice, est le faux. Vous êtes la réalité.
Une fois que l’on a compris, ou plutôt a-perçu, intuitivement, que l’entité ne constitue qu’une notion conceptuelle, ce qu’il reste est tout simplement une ré-intégration – Yoga – dans l’universalité. Il ne reste rien à accomplir parce qu’il n’y a personne pour le faire et, plus important encore, personne non plus pour s’abstenir de le faire ! Ce qu’il reste, c’est « être vécu » de façon purement non-volitive, parce que relativement nous ne sommes que des marionnettes dans un monde-rêve, des marionnettes mises en mouvement dans le rêve originel. C’est au rêveur individuel de se réveiller de son rêve personnel. Et cette aperception elle-même constitue l’éveil !
Ramesh Balsekar, Les Orients de l'être, Ed. du Relié

vendredi 21 juin 2019

Entretien du 21 juin 1981 (Conscience et Absolu)


-->
Maharaj : Toute image que vous avez de vous est fausse. Demeurez dans votre Soi, c’est la vraie connaissance. Essayez de comprendre toute cette connaissance que vous recueillez en ce moment. La soi-disant connaissance que vous glanez ailleurs ne s’occupe que de l’ignorance ; elle n’atteint pas le Soi, la vraie connaissance. Tout ce à quoi le mental aspire n’est pas la vraie connaissance. On ne peut pas facilement comprendre la vraie connaissance. Si j’avais eu l’expérience du « Je suis » auparavant, est-ce que j’aurais eu le désir d’entrer dans le sein de ma mère ? Avant d’entrer dans la matrice maternelle je ne me connaissais pas, il n’y avait pas « d’être moi ». Toute la soi-disant connaissance est corrompue par les mots, ce n’est que de l’ignorance. Vous, l’Absolu, vous observez l’état d’éveil, vous savez ce qu’est la conscience, ce qu’est l’état de sommeil ; donc vous n’êtes pas ça.
Des millions de gens ont passé, où pourrais-je être parmi eux ? Il n’y a aucune individualité reliée à aucune de ces formes, mais j’ai toujours été, et je suis toujours, le fonctionnement total. Sans moi, il n’y a pas de fonctionnement. Je suis le fonctionnement total, à chaque instant, il y a des millions d’années aussi bien que maintenant.
J’ai une vision claire de ce qui précède, et pourtant il faut accepter la souffrance physique, à cause de la conscience. La conscience a pour nom souffrance. Cette vie de souffrance touche à sa fin. Ce principe, quel qu’il soit, fait l’expérience de toutes les souffrances, quand il est mis avec le corps et la conscience ; en même temps, il sait qu’il vaut des millions de dollars, comme un tonneau d’or. Ce principe, qui a compris et qui a saisi ce que la souffrance et la conscience sont, vaut des millions. Je ne m’occupe pas de la spiritualité des masses. Ici, on ne va pas vous déverser la spiritualité du commun. Ce Vous Ultime ne peut jamais être perdu ; tout ce que vous avez pu perdre n’est que des mots. Ce Vous Ultime se sait et se sent être « Je suis » sans aucun mot. Ce « Je suis » amène la connaissance du monde. Vous n’êtes pas seul, vous faites partie intégrante de la connaissance du monde. 
Le Jivatman(soi individuel) s’identifie au corps-esprit en tant qu’individu séparé du monde. L’Atman (le Soi) est seulement l’être, ou la conscience, qui est le monde. Le Principe Ultime qui connaît cet étant ne peut pas être nommé du tout. On ne peut pas l’approcher ou le conditionner avec des mots. C’est l’Etat Ultime.
Je ne veux pas de disciples soumis et humbles, je les veux forts, comme moi. Je ne produis pas des disciples, je produis des Gurus.
Je veux que votre remise en question personnelle soit radicale, totale, sans conditions.

Question : Comment me stabiliser dans ma prise de conscience ?
M : Vous savez que vous êtes. Ceci est en soi la prise de conscience. Si vous pensez que vous devez être conscient, vous entrez dans l’état d’expérience. Vous voulez faire l’expérience de quelque chose. Ne considérez pas votre corps-esprit comme étant vous. L’identification au corps-esprit, ça va pour la vie de tous les jours, mais quand vous devez vous comprendre, il ne faut pas comprendre qu’on est le corps-esprit. Vous avez la connaissance du « Je suis ». Cela en soi signifie que vous êtes.
La prise de conscience, c’est cet état où la conscience s’enfonce en elle-même.
Ce corps est l’expression du produit de la nourriture consommée. La matière est consommée sous forme de nourriture, et voilà le résultat. S’il y a de moins en moins de nourriture, le corps s’amaigrit, s’étiole. Vous n’êtes pas ça, votre image est autre. (Montrant le corps : ) ce n’est qu’une boîte à mangeaille. Pourquoi cette figure maigre ? Parce que l’apport de nourriture est réduit. Le corps-nourriture, vous n’êtes pas ça. L’état d’éveil, vous n’êtes pas ça. L’état de sommeil profond, vous n’êtes pas ça. Vous connaissez l’état d’éveil. Puisque vous connaissez l’état d’éveil, vous n’êtes pas l’état d’éveil. Vous connaissez l’état de sommeil profond, vous n’êtes donc pas l’état de sommeil profond. 
Q : Je n’y comprends rien, je suis perdu.
M : Ce « vous » Ultime ne peut jamais être perdu. Tout ce que vous avez perdu, ce ne sont que des mots. Qui vous a dit que vous étiez perdu ? Vous savez que vous êtes, « Je suis ».
Dès que le sentiment « Je suis » apparaît, le monde aussi apparaît. « Vous êtes » n’est pas seul, dans l’isolement. Vous êtes une part intégrale de la connaissance du monde.
Dans la hiérarchie de la conscience il y a trois étapes : 
  1. Jivatman, c’est celui qui s’identifie au corps-esprit. Celui qui pense je suis un corps, une personne, un individu différent du monde. Il s’exclut et s’isole du monde comme une personne séparée, à cause de l’identification au corps et à l’esprit.
  2. Vient ensuite l’être, ou la conscience, qui est le monde. « Je suis » signifie mon monde entier. Juste l’être et le monde. En même temps que l’être le monde est ressenti – c’est Atman.
  3. Le Principe Ultime, qui sait que l’être ne peut avoir de nom. Aucun mot ne peut l’approcher ou le déterminer. C’est l’état Ultime.
J’explique cette hiérarchie avec des mots de tous les jours, par exemple : j’ai un petit fils (ça c’est jivatma). J’ai un fils, et je suis le grand-père. Le fils et le petit fils sont issus du grand-père. 
Ces trois étapes, on ne peut pas les appeler de la connaissance. Le terme connaissance s’applique au niveau de l’être. Je vous ai transmis l’essence de mes enseignements.
A quoi êtes-vous identifié maintenant ? Vous êtes venu au monde avec quelle identité ? Vous voudriez quitter ce monde avec quelle identité ? Normalement les gens s’accrochent à l’identité corporelle, mais je l’ai jetée par-dessus bord – vous n’êtes pas le corps. Je vous demande : « Vous êtes quoi ? Quelle peut être votre identité, maintenant que vous n’êtes pas le corps ? ». Vous pouvez répondre ce que vous voulez, les mots seront toujours incorrects, ils seront faux.
Vous vous accrochez avec l’énergie du désespoir au corps-esprit, comme étant vous. Vous devez avoir la conviction inébranlable que vous n’êtes pas le corps-esprit, que vous n’êtes même pas la conscience dans l’être.
Faites une expérience sur vous. Vous observez un bâton ; est-ce que vous dites au bâton : « Je suis en train de t’observer » ?
Quand on est tout seul avec soi-même, rien n’est utile, aucun entretien n’est utile. Quand on se fond dans son identité véritable rien n’a plus d’importance, parce que rien n’est. Quand le « Je » s’affaisse, il ne reste plus que la prise de conscience directe.


Extrait de Conscience et Absolu, Editions Les Deux Océans 1997

vendredi 14 juin 2019

Entretien du 18 juin 1981 (Conscience et Absolu)


Maharaj : Les gens viennent ici parce qu’ils en ressentent le besoin. La conscience dans votre corps prend plaisir à venir ici. Tant que la conscience ressent un besoin quelconque, vous n’avez pas d’autre choix que de le satisfaire. Quand la conscience n’est plus, c’est la fin de la servitude.
A part ce sens d’être présent, qui est dû à la conscience, quoi d’autre ?  Le bonheur véritable, sans sa contrepartie de souffrance ne peut être que lorsque la conscience n’est plus. Tant que la conscience est, bonheur et malheur vont de pair. La pure félicité ne peut être que quand la conscience n’est plus là. Tout ce qu’on peut percevoir, est totalement différent dece que je suis [Moi, Absolu] J’ai compris ma vraie nature et je suis elle ; ça n’a rien à voir avec quoi que ce soit dans le domaine du manifesté. 
Vous ne pouvez pas vous séparer de la conscience, à moins que, la conscience ne soit satisfaite de vous, et se débarrasse de vous. La conscience vous ouvre la porte pour aller au-delà de la conscience. 
Il y a deux aspects : l’un est la conscience conceptuelle, dynamique, pleine de concepts.
L’autre, est la conscience transcendante. Même le concept « Je suis » n’est pas à ce niveau. 
LeBrahmanconceptuel, qualitatif, celui qui est plein de concepts et de qualités, est le résultat du fonctionnement du corps. Cette conscience est morte dans mon cas ; elle n’est plus. Je l’ai transcendée. Tout ce qui peut rester, c’est cette autre conscience, la conscience sans concepts.
Le principe du conceptuel, le principe plein de qualités, je l’ai transcendé ; il était comme un océan immense. Maintenant il est presque asséché, il n’en reste plus que la lie. Ce qui est partout et qui règne est sans concepts ni qualité. Ce qui subsiste est en train de vous parler, maintenant. Qui parle de naissance ou de mort pour ce principe qui subsiste ? Vous, avec votre sagesse, vous êtes englués ici. Si vous étiez sans concepts, quelle raison auriez-vous de venir ici ? 
Vous vous penchez seulement sur les concepts qui viennent de votre intérieur. Les concepts que vous n’aimez pas ne vous viennent pas à l’esprit.  Si vous n’aimez pas les mathématiques, vous n’allez pas vous y intéresser ; ça reste étranger à votre conceptualisation. Vous allez vous occuper seulement des sujets ou des matières que vous aimez. Analysez vos pensées et dites-moi si ce n’est pas vrai.
Découvrez la nature de vos pensées, sont-elles spirituelles ?
Je demeure là où l’esprit (le mental) n’est pas.

Extrait de Conscience et Absolu, Editions Les Deux Océans 1997

vendredi 7 juin 2019

Entretien du 16 juin 1981 (Conscience et Absolu)




Maharaj : Chacun fait son travail personnel, mais chacun a sa qualité propre.
Voici quelques épreuves pour savoir si vous êtes oui ou non sur la voie spirituelle. Analysez ce à quoi vous pensez pendant une journée de vingt quatre heures. Vous dites que vous avez la connaissance du Soi, que vous avez rassemblé cette connaissance du Soi ; mais de quoi discutez vous à l’intérieur, dans votre flot mental, toute la journée ? Vous discutez de toutes vos affaires quotidiennes. Vous ne parlez pas de ce qui se passe ici, de votre identité, de ce que vous êtes ; ça, vous n’en discutez-pas. Y a-t-il quelqu’un ici qui, seul avec lui-même, ne se préoccupe que du Soi ? Vous êtes ce qu’est la qualité et l’intensité de votre pensée.
Moi aussi je suis agité. Ma douleur et ma misère en ce moment, personne d’autre dans le monde n’en fait l’expérience à ma place. Ces entretiens ne sont pas pour tout le monde.
Au-delà de l’expérience basée sur le corps-esprit il n’y a pas d’expérience de conscience. Je voudrais parler de cet état au-delà de la conscience. Il y a des millions de noms, mais ils se réfèrent tous au monde objectif. Même le titre de « parents » fait référence à des corps ; c’es parce qu’il y a des corps qu’il y a ce titre de « parents ». Je veux que vous compreniez clairement que sans la conscience basée sur le corps il n’y a pas de Brahman ; le Brahman est parce que la conscience est, et la conscience est parce que le corps est. La conscience basée sur le corps est le résultat des cinq éléments. Cette conscience et le monde ne sont pas différents ; ils sont identiques. Réfléchissez à tout cela dans ce sens.
Tout ce qui est saisi par l’esprit et l’intellect fait partie de ce monde objectif. Vous avez entendu ce que j’ai dit, mais vous êtes totalement influencés par vos expériences conceptuelles.
Ce corps est fait de nourriture, mais quelle est votre identité véritable ? Le corps est complètement ajusté, comme les grains que vous avez stockés sont complètement ajustés. C’est seulement de la nourriture. C’est le corps-nourriture et la conscience. L’Absolu est votre identité véritable. Je vous ai donné quelques indications sur l’Absolu. Vous n’avez pas dépassé la conscience, et la conscience est la première étape. La conscience totale n’est pas la fin.  
Extrait de Conscience et Absolu, Editions Les Deux Océans 1997

vendredi 31 mai 2019

Entretien du 14 juin 1981 (Conscience et Absolu)


Maharaj : Je ne parle pas du corps-esprit et de ce qui se passe dans le monde. Je parle seulement de votre nature vraie, et votre nature vraie est cette présence que vous sentez, cette conscience. Si vous, n’êtes pas conscient, le monde n’existe pas, pour vous. Il n’y a rien là-bas. Le monde n’existe pour vous que lorsque vous êtes conscient, c’est donc de cette conscience, de ce sentiment d’une présence, que je parle. 
Une fois que cette présence s’est fait sentir, je ne m’intéresse pas à ce que vous faites ou comment vous le faites. Ce sentiment de présence, cette conscience, n’est-elle pas antérieure à tout le reste ? Si vous n’êtes pas conscient, quelle pensée pouvez-vous avoir, à propos de n’importe quoi ? Ce sentiment de présence, cette conscience, ne sont-ils pas la chose originale, sans quoi rien d’autre ne peut arriver ? Rien – aucune pensée, aucun concept – ne peut jaillir de lui-même. Il n’y a pas d’activité possible sans le sentiment de cette présence. Ce sentiment de présence n’a besoin d’aucune activité de l’esprit pour savoir que vous êtes là. Vous n’avez pas besoin de vous demander : « Suis-je présent, suis-je conscient ? » Il y a ce ce sentiment intuitif de présence, vous savez que vous êtes là.
Ce sentiment de présence n’est pas le sentiment que je suis présent, que vous êtes présent, que quelqu’un est présent. C’est le sentiment de présence en tant que tel.  Mais comme on s’identifie au corps-esprit, on pense qu’on est né et qu’on va mourir. Ce qui est né est le sentiment général de présence en tant que tel. Ce sentiment de présence est venu de lui-même et partira de lui-même. Il n’y a pas d’individu, si ce n’est par identification au corps-esprit Le sens du temps, de la durée, ou, des évènements dans le temps, tout cela n’est possible que s’il y a conscience. Sans conscience avez-vous le sens du temps ?
Il y a la mèche et il y a le combustible ; après quoi, la lumière peut être. La lumière dépend de la quantité de combustible. Voilà comment le facteur joue. Le sentiment de présence, cette conscience, est tout. Alors essayez de voir comment elle a jailli, et pour combien de temps. Il y a de la lumière tant qu’il y a du combustible et la conscience aussi, continue tant qu’il y a du combustible – dans ce cas, le corps-esprit, qui est composé des cinq éléments, qui, eux-mêmes sont une accumulation de nourriture.
Sans nourriture, le corps-esprit ne dure pas, et sans lui, la conscience ne dure pas non plus. Cette conscience dépend donc de la durée d’existence du corps. Même cette conscience n’est pas tout, elle ne va pas durer pour toujours. Voyez comment cette conscience a jailli, quelle est sa source ?
Ce corps c’est quoi ? Seulement une accumulation de nourriture et d’eau.
 
Cette nourriture et cette eau ne sont certainement pas vous, [en tant qu’Absolu], et cette conscience n’est que la nature [l’essence] de cette nourriture et cette eau. Vous êtes donc quelque chose qui existe séparément du corps ou de la conscience.
Tant que le corps est là, quiconque se considère comme un individu [donc coupé du Touta pour unique capital, ce sentiment de présence, cette conscienceTraitez-la comme la divinité la plus haute, n’adorez rien d’autre que ce sentiment de présence ; quand vous ne faites plus qu’un avec lui, tout ce qui est nécessaire pour la connaissance spirituelle viendra de soi.
S’il y a des problèmes ou des questions qui vous occupent, vous verrez qu’ils viennent de votre identification au corps et à l’esprit considérés comme un individu. Sans cette identification, aucune question n’est possible. C’est la conclusion à laquelle vous arriverez. 

 Extrait de Conscience et Absolu, Editions Les Deux Océans 1997

vendredi 24 mai 2019

Entretien (extrait) du 9 juin 1981 (Conscience et Absolu)


Visiteur : La Réalité, qu’est-ce que c’est ? 
Maharaj : Tout ce qui est, là, permanent, immortel, inchangé. L’éternel est pour toujours  un état de non-expérience. Après vient la conscience, le « Je suis », l’expérience du corps et de la vie. Vos expériences sont du domaine de la conscience. Dans la conscience, vous ne pouvez faire l’expérience de la vérité. En fait, on ne peut pas faire l’expérience de la vérité, parce que, en dernière analyse, on est Ca. Comment avoir l’expérience de la vérité ? Elle est avant l’être. 

Extrait de A la Source de la Conscience, Editions Les Deux Océans, 1991

vendredi 17 mai 2019

Entretien du 13 février 1981 (Conscience et Absolu)


Question : J’ai tant de questions que je ne sais par où commencer.
Maharaj : Vous avez des questions sur les concepts des autres. Limitez-vous à ce qui vous concerne. 
Q : Je ne connais pas ma nature vraie, comment y arriver, comment faire ? 
M :Il est normal de ne pas connaître votre Soi ; vous n’êtes ni le corps ni le nom donné au corps, comment pourriez-vous connaître votre Soi ?  
Q : Comment faire l’expérience de ma nature vraie ? 
M : Est-ce à cause du corps que vous ne voyez pas votre Soi ?  
Q : C’est peut-être à cause du « Je suis ». 
M : Suivez-moi dans cette direction. Vous êtes ; parce que vous êtes, le monde est.
Vous êtes perdu dans tous ces noms et ces titres qu’on donne à ce monde. Cessez de mettre une étiquette sur ce que vous êtes. Soyez ce que vous étiez avant l’étiquette, avant le titre, soyez cela. 
Q : C’est une intuition, ça ne vient pas du mental ? 
M : N’utilisez pas le mental, ne faites rien.  
Q : Est-ce qu’il ne faut pas en avoir conscience ? 
M : Si vous y êtes, cette conscience y sera aussi. Abandonnez tout ce que vous avez lu et entendu, soyez, c’est tout. Ne vous laissez pas emporter par vos concepts. La vérité est éternelle ; tout ce que vous pouvez saisir [dans votre expérience] n’est pas réel. Même l’expérience que vous êtes n’est pas votre vraie nature.
Vous, en tant qu’Absolu, n’êtes pas cet « être-moi », mais pour l’instant vous devez vous maintenir dans votre « être-moi ». 
Q : J’ai peur. 
M : Vous avez peur parce que vous avez donné consistance au « Je suis », ce que, en vérité, vous n’êtes pas. Supposons que vous trouviez un anneau avec un diamant sur la route et que vous le mettiez en poche. Il n’est pas à vous, la peur vous gagne. Quand vous assumez une identité qui n’est pas la vôtre, vous avez peur. Quand vous êtes seulement l’Etre pur, la peur n’est pas là.
Maintenant vous êtes ce « Je suis », mais ce « Je suis » n’est pas la vérité.
Ce que vous étiez avant l’apparition du « Je suis », voilà votre vraie nature.

Extrait de Conscience et Absolu, Editions Les Deux Océans 1997

vendredi 10 mai 2019

Entretien du 20 janvier 1981 (Conscience et Absolu)


Maharaj : Il fut un temps où cette connaissance m’était irrésistible et j’invitais les gens à venir assister aux entretiens. Plus maintenant. Maintenant je n’encourage personne, je ne retiens pas mes visiteurs très longtemps ; je leur en colle une dose et je les congédie. Il est absolument incroyable que tout s’enchaîne à partir de cette naissance insignifiante – cette soi- disant naissance. Non seulement le « Je suis », mais le monde manifesté, dans sa totalité, apparaît. C’est à peine croyable ! 

Je n’existe pas, pour dire vrai, mais je me sens exister à cause de l’accident de cette naissance. 

Quand cette connaissance descend sur vous, vous vous éveillez au fait que la connaissance de ce monde et la conscience sont du pipi de chat. Laissez tomber tout ça, ça ne vaut rien. Je vous en conjure à mains jointes, laissez tomber cette spiritualité. De toute la connaissance et les concepts que vous avez glanés, seule cette étincelle de la fin peut vous guider. Vous avez maintenant tout ce qu’il vous faut, toutes les bases sont là, vous êtes au-delà des symboles de la naissance et de la mort. 
Les faits sont là, il n’y a rien de mystérieux, tout est très clair, et pourtant personne ne veut le voir.

(Traducteur : « Sri Nisargadatta Maharaj préfère l’humble dévotion à Dieu. Chez les gens pieux et simples, l’intellect ne joue pas ses mauvais tours, comme il le fait ici. »)

C’est maintenant qu’on renvoie l’intellect au néant. 
Les cinq éléments fantomatiques m’ont créé et ont pris possession de moi.
Mais je me suis fixé dans L’Absolu Suprême, je sais de quoi il retourne, qu’on ne compte plus sur moi. Regardez par exemple comment ces cinq essences d’éléments ont pris possession de moi. J’ai une accoutumance au tabac à chiquer, les docteurs m’ont dit d’arrêter ; rien à faire, je continue. L’essence de ces cinq éléments me contrôle.

L’espace est la marque du monde ; c’est dans l’espace que le monde est. L’espace c’est le monde qui va naître. Le monde n’est pas encore là, mais les matériaux y sont. C’est de là que je commence à sentir ‘Je suis’. Le mouvement commence avec l’air, la chaleur avec le feu, les graines et tout le reste avec l’eau ; c’est à cause de l’eau que le goût apparaît.

Mais avec Satguru(Parabrahman, l’Absolu Suprême) ces cinq éléments n’existent plus pour vous : Satguruaime la non-connaissance. Avec Satguru, vous avez l’illumination.

Je n’ai pas du tout envie de parler, je veux entrer dans un certain silence
Si ces entretiens sont bien compris, plus n’est besoin de discipline ou de pratique spirituelle. Ça devrait faire clic sans tarder. 

Extrait de Conscience et Absolu, Editions Les Deux Océans 1997

vendredi 26 avril 2019

Entretien du 18 novembre 1980 (Conscience et Absolu)



Maharaj : A présent ma perspective est sans limite, c’est la liberté totale.
A la fin, on doit aller au-delà de la connaissance, mais il faut d’abord qu’il y ait une connaissance, et elle vient d’une méditation constante. Quand on médite, le « Je suis » s’apaise et se fond dans la connaissance universelle ; il perd ses entraves, devient libre comme le ciel, l’espace.
Ceux qui viennent ici pour acquérir une certaine connaissance, même spirituelle, le font en tant qu’individus qui cherchent quelque chose pour eux-mêmes ; mais c’est là qu’est le problème, car le chercheur lui-même doit disparaître.
Quand vous connaissez votre vraie nature, la notion de « Je suis » persiste, mais elle perd ses limites. Il ne vous est pas possible d’acquérir la connaissance, car vous êtes connaissance. Ce que vous recherchez est déjà là, c’est vous.
Votre être véritable existe avant tout concept. Vous, si vous n’étiez qu’un objet, comment pourriez-vous comprendre ce qui était avant que le concept n’apparaisse ? Sans la conscience, comment peut-on établir l’existence de quoi que ce soit ? La conscience elle-même est le mental, la pensée ; elle est tous les phénomènes, toute la manifestation. Quand on comprend tout cela, on n’est plus, de son vivant, le « Je suis ce corps ». On ne saisit cela que très rarement, c’est quelque chose d’intangible, aucun effort n’est nécessaire ; en fait, l’effort lui-même est l’obstacle. C’est une intuition directe.
Question : Alors est-ce qu’on devrait abandonner toutes les disciplines spirituelles ?
M : Au plus haut niveau, certainement ; mais avant, il faut un travail préparatoire.
Ceux qui ont cette intuition perdent tout intérêt aux affaires de ce monde. Après, qu’est-ce qu’il leur arrive ? Ce qu’ils ont perdu, ils l’ont perdu en tant qu’individu ordinaire, mais ce qu’ils ont gagné est royal. Ceux qui ont saisi et ont atteint un certain niveau ne demandent plus rien, et tout leur est donné. Ils ne le veulent même pas, et pourtant tout leur est offert.
Cela n’arrive pas à un individu - cela arrive à la manifestation universelle, à celui qui n’est plus que sa nature véritable. Le Jnani n’est plus qu’un témoin.

Extrait de Conscience et Absolu, Editions Les Deux Océans 1997

lundi 22 avril 2019

Entretien du 14 mai 1980 (Conscience et Absolu)


Maharaj : Les docteurs ont établi que ce corps a le cancer. Qui d’autre que moi pourrait éprouver autant de joie après une telle nouvelle ? Le monde est fait de votre expérience directe, de votre observation. Tout se passe à ce niveau, mais je ne suis pas à ce niveau. Je n’ai plus d’association avec sattva guna(l’être dans la détermination).
On a atteint l’Etat Ultime de la spiritualité quand il n’y a plus de besoins, jamais, quand rien ne sert plus à rien. Cet état s’appelle Nirvana, Nirguna(libération, l’être sans attribut ou qualité), il est Vérité Ultime, Eternelle. L’essence et la quintessence de tout cela s’appelleSat-guru Parabrahman, l’En-soi Absolu suprême, l’état qui n’a besoin de rien d’autre.
Après la dissolution de l’univers, il n’y a même plus trace de la création, et ce qui reste est l’état parfait. Je (Absolu) suis resté immuable, alors même que l’univers était créé et retournait au néant. Je n’ai pas encore parlé de ça : mon état n’a jamais senti ni la création ni la disparition de l’univers. Je suis le principe qui survit à toutes les créations et toutes les dissolutions. C’est mon état, et le vôtre aussi, mais vous ne le savez pas parce que vous êtes attaché à votre être-moi. On le réalise seulement quand la foi invincible est là, cet éternel Sat-guru Parabrahman. Il est là, il est toujours là, il est la propriété éternelle de celui qui suit son Guru.

Extrait de Conscience et Absolu, Editions Les Deux Océans 1997

jeudi 11 avril 2019

Entretien du 11 juin 1981 (matin) (A la Source de la Conscience)


Maharaj : C’est seulement lorsque l’identité avec le corps-intellect sera totalement rejetée et l’identité avec la seule conscience fermement établie, que, ce que je vous dis prendra sa pleine signification. Vous êtes l’illimité, l’illimité n’est pas perceptible aux sens. En vous limitant à un corps vous vous êtes exclus du potentiel illimité que vous êtes en réalité.
Dans la méditation, la conscience médite sur elle-même et demeure au cœur d’elle-même.
Si vous acceptez ce que je vous dis, vous ne pourrez plus être volontairement associé à ce qui se produit spontanément dans le monde. Vous ne pourrez plus être concerné, ni par les causes, ni par les effets et c’est alors que vous accepterez votre véritable nature. Toute activité traversant le corps se produira spontanément, indépendamment de ce que vous êtes réellement. 
Souvenez-vous que lorsque cette force vitale – combinaison du souffle et de la conscience – quittera le corps, elle ne demandera la permission à personne. Elle est venue spontanément, elle partira de même et c’est tout ce qu’il y a à dire sur ce qui est appelé mort. Il n’y a personne qui soit né, personne qui soit mort. 

Visiteur : Tel que je le comprends, le but de la vie est simplement de permettre une pleine compréhension de ce qui a été manifesté et du fonctionnement de la conscience universelle. En dehors de cette compréhension, rien ne peut être fait !

M. : C’est bien cela. Tout est spontané, automatique, naturel, la seule limitation est ce « moi », ce « mien.
Quand des gens simples comme vous, sont ici, je suis en paix, à l’aise. Mais quand viennent certains, se prétendant sages réalisés, fiers de leurs connaissances et souhaitant en faire parade ici, il y a alors de l’agitation.

Un autre visiteur : Tout ceci est d’une spiritualité élevée, c’est d’un très haut niveau. Que doit faire un homme simple en attendant de pouvoir l’absorber ?

M. : Du moment qu’il y a ouverture et un profond désir de comprendre, vous n’avez rien à faire. Cette connaissance produira ce qui a besoin de se produire. Ce qui est demandé n’est pas un certain calibre mental ou culturel mais le sens intuitif de la discrimination. 
Donc à présent vous le savez, vous n’êtes pas le corps. Ayant assimilé cela, pouvez-vous continuer à vous identifier à ce corps ?

V. : Est-ce que l’esprit et le corps ont une importance ?

M. : Tout a son importance.

V.: Ne doit-on pas s’occuper du corps ?

M. : Si je suis identifié à quelque chose je veux m’en occuper, mais vous n’avez plus rien à voir avec ce corps à présent ... alors pourquoi vous inquiéter de savoir ce qu’il faut en faire ?
Quand vous n’êtes plus le corps vous êtes l’espace, vous êtes tout ce qu’il contient. Vous êtes à présent le manifesté, tout ce qui existe. Cet espace est connu par Chidakash (l’aspect connaissance de Brahman). Quand vous êtes Chidakash vous êtes plus subtil que l’espace physique, il a plus d’expansion. Un Sage Réalisé transcende tous ces stades différents, ces subtilités : ciel, espace, etc...
Dans Chidakash il demeure confiné, conditionné à penser « Je suis ». Le stade suivant est Paramakash (hors temps et espace). Paramakash est le plus haut, contenant lui-même sept autres akashas. Dans le Chidakash cette connaissance est « Je suis ». Dans Paramakash ne se trouvent, ni « est », ni « n’est pas ». Tout est transcendé ! 

A la Source de la Conscience, Editions Les Deux Océans, 1991

vendredi 22 mars 2019

Entretien du 29 décembre 1980 (A la Source de la Conscience)


Maharaj : S’asseoir en méditation aide la conscience à fleurir. La méditation provoque une compréhension en profondeur et un changement spontané de comportement. Ces changements se produisent dans la conscience elle-même, pas dans la pseudo-personnalité. Les changements volontaires sont limités au mental. Les changements au niveau du mental sont artificiels et différents de ceux qui se produisent dans le principe de naissance. Ces changements arrivent tous seuls, d’eux-mêmes, à la suite de la méditation.
La plupart des gens aperçoivent l’arbre de la connaissance et l’admirent, mais ce qui doit être compris est sa source... la graine, la force latente d’où il a germé. Beaucoup en parle intellectuellement, j’en parle à partir d’une connaissance directe.
La plus infime particule de conscience, semblable à une graine, contient le monde entier.
La structure physique est nécessaire à sa manifestation.
Toute ambition, tout espoir, tout désir est relié à une identité et tant qu’une identité subsiste, La vérité ne peut pas être perçue.


Visiteur : La totalité de la manifestation, le phénoménal en son ensemble, a-t-il un destin ?

M. : Comme il n’existe aucune identité indépendante que pourrait être ce destin ? Le carburant est le destin de la flamme, de même le corps-essence-de-nourriture est la destinée de la conscience. Seule la conscience offre une destinée et la destinée offre la souffrance. Nous imaginons une conscience personnalisée à la suite de cette identification fausse. La conscience est en fait vaste et sans limite.
La source de la conscience est antérieure au temps et à l’espace. La manifestation exige temps et espace mais sa source était là avant que débute la conscience.
La manifestation comprend cinq éléments, trois attributs et surtout la conscience, ce constat « Je suis »
Qu’est-ce qui peut exister en dehors de ma présence consciente ? Même les éléments ne peuvent pas exister sans moi. Je ne fais rien, je ne crée rien, ils apparaissent à la suite de ma présence consciente. Ma présence est partout et à l’Intérieur de tout. Je l’affirme avec force ! Certains pourront lire ces mots, certains pourront les avoir entendus ici ou les écouter sur un magnétophone.
Certains voudront les écouter mais seront propulsés tellement loin de ces enregistrements par les circonstances que cela ne sera pas possible. Il existe des millions de formes différentes au sein de la manifestation, mais la source de tout est la conscience. Quelle est cette conscience ? ...Qui se pose vraiment des questions là-dessus ?
En rêve on peut voir des lunes et des étoiles, toutes sortes de choses, mais il n’y a pas d’identité.
C’est dans l’état de veille que la conscience doit être comprise. Les gens vont et viennent, les images vont et viennent, les éléments vont et viennent, moi, Je demeure. Je suis conscient de ma conscience et c’est uniquement là que se déroule le spectacle.
Supposons que soit annoncée la visite d’une personne très importante. Les maisons sont nettoyées, on dresse des stands et des estrades, les rues sont décorées, on met au point tout un spectacle ! Pourquoi ?
Est-ce vraiment pour ce grand personnage ? Certains jeûnent un mois entier, acceptent de dures disciplines mais ils espèrent bien en retirer un profit plus important que leurs efforts !
On regarde de tous côtés mais jamais vers la source.
Éliminez cette énergie de naissance et voyez s’il vous est encore possible de faire quelque chose.
Nous limitons une énergie sans limite à ce phénomène grossier qu’est le corps. Réfléchissez profondément sur cette proposition : si ma présence consciente était absente, que pourrais-je bien être ?
J’aime les mots qui jaillissent spontanément, j’aime observer combien ils sont libres et vrais !
Un assassin est en fuite. Il a commis des meurtres, des attentats, la police internationale est activement à sa recherche mais n’arrive pas à le trouver. Les Écritures traditionnelles sont ainsi, n’arrivant pas à découvrir ou localiser l’Absolu. C’est au-delà de la compréhension des Védas, Purunas, etc, parce que ce n’est pas conceptuel. Le meurtrier est très fier de triompher des pièges de toutes les forces de police. Il est tellement sûr de lui, tellement fort, qu’il va s’asseoir à l’endroit même où sont mis au point les plans pour le capturer. C’est pour cela qu’on ne l’attrape jamais !
Tout le monde doit mourir alors mourrez avec votre vraie nature, pourquoi mourir en tant que corps ?
N’oubliez jamais votre vraie nature, elle est toujours là, ceci peut pour beaucoup être inacceptable, c’est pourtant un fait. Si vous voulez avoir une ambition, que ce soit la plus haute, au moins au moment de la mort vous serez l’Absolu ! Décidez-le dès à présent avec conviction et détermination. Un tigre s’approche de vous, quand il vous attaquera vous avez que votre mort est certaine, alors pourquoi mourir comme un lâche. Attaquez-le, peut-être qu’il s’enfuira ! Mais si le tigre ne fait que passer ne l’attaquez pas, ne lui sautez dessus que si c’est absolument nécessaire. Dieu est grand et Maya est vaste, mais vous, qu’êtes-vous à la fin ? Les modifications mentales vous entraînent continuellement loin du Soi. Personne ne veut s’enquérir profondément, totalement de ce qu’il est, on ne s’interroge qu’à un niveau superficiel.


Visiteur : Mon esprit n’est jamais tranquille, il se déplace continuellement ici ou là !

M. : Vous serez diverti par toutes ces divagations, mais vous n’arriverez jamais à la compréhension.
Tout ceci n’est qu’un divertissement appelé « spiritualité », parce que le véritable état des choses est le suivant : ce que vous êtes, vous l’êtes sans modifications.


Visiteur : Les désirs sont là ils continuent à vouloir être satisfaits.

M. : Finalement vous êtes quoi ?

Visiteur : je ne suis rien, l’esprit, l’intellect ... etc... continuent de fonctionner. 

M. : Alors pourquoi apprenez-vous tout ceci ?

Visiteur : pour servir les autres.

M. : Il y a eu de nombreux grands hommes, ils ont rendus de très grands services. Où sont-ils maintenant ?

Visiteur : Il y a beaucoup de vagues dans l’océan, elles se brisent et disparaissent. Je veux passer mon temps à être sans désir et à aider les autres. 

M. : Faites ce que vous voulez. La pluie tombe et rend service à tous les êtres vivants, elle ne souffre pas en rendant ces services. Tous les êtres qui se manifestent sont nourris par la pluie, cela les rend-t-ils plus heureux ?

Visiteur : c’est vrai tout le monde souffre et moi non plus je n’ai pas trouvé la paix. ... Comment nous voyez-vous Maharaj ?

M. : Je vois tout le monde comme je me vois. Cet être est simplement la combinaison des parents, mais vous êtes tous captivés par les concepts. Ils vous plaisent.

Visiteur : Quand je ne fais qu’un avec la musique, un paysage, etc., il n’y a plus que de la joie. Mais quand je suis en conflit, tout va mal. Quelquefois je me sens en colère, sans raison. Pourquoi ?

M. : Le corps, l’esprit, leurs actions, leurs réactions, ne sont pas des sujets dont je traite.
Je ne m’occupe pas de ces problèmes. Vous trouverez ailleurs un grand nombre de gens qui ne parlent que de ces choses, vous n’aurez pas à cherche bien longtemps !


Visiteur : Mais nous sommes pratiquement tous du côté du corps-intellect. Il n’y a pas une personne sur un million qui soit véritablement ouverte à ce que vous dites. 

M. : Posez-vous la question et ne vous occupez pas des autres.

Visiteur : D’un côté je me sens attiré par le silence et d’un autre je sens tous ces millions d’êtres qui souffrent. Les Sages ne font rien pour eux. 

M. : Parce que leurs souffrances sont illusoires.

Visiteur : Je sais qu’il y a quatre états, veille, rêve, sommeil profond, et un état qui est au-delà de ces trois. Intellectuellement je peux le comprendre. N’empêche que la souffrance est là !

M. : Débarrassez-vous de ces idées de quatre états et débarrassez-vous aussi de cette image de la souffrance des autres. Laissez le monde illusoire s’occuper de lui-même. Vous devez découvrir ce que Vous êtes.

Visiteur : Je veux pratiquer la naturopathie, l’enseigner aux autres et apprendre la sagesse.

M. : Vous n’y arriverez sûrement pas en développant ces concepts. Commencez d’abord par comprendre ce qui est dû aux circonstances et ce qui est réel. Vous êtes le produit des concepts de vos parents non ?

Visiteur : oui d’un point de vue conceptuel.

M. : L’intellect et tous les concepts résultent du concept primordial « Je suis ». Vos parents et vous êtes des concepts simultanés. Maintenant – sans rien faire, sans chercher à expérimenter quelque chose – quelle expérience avez-vous ? En cet instant ?

Visiteur : Je suis

M. : N’est-ce pas un concept ? Des concepts se forment à partir d’autres concepts. Tout ceci n’est qu’un vaste ensemble de concepts.

Visiteur : je voudrais pouvoir m’en libérer.

M. : Cela vous seul pouvez le faire, cela ne peut se transmettre par ouï-dire. Qui obtient la connaissance directe ? ... Quand s’est-il produit que je sois ? Je dois l’apprendre, moi, de première main, pas par quelqu’un d’autre. Vous êtes, vous savez que vous êtes. Voilà Le-Seigneur-très-Haut, La splendeur soudaine et explosive. Déposez vos armes, abandonnez-vous à lui et tout vous sera révélé.
C’est sans nom et sans forme, il faut lui rester fidèle avec une totale confiance.
Vous ne pourriez pas voir et juger les qualités de la lumière si vous n’étiez pas vous-même lumière. Vous êtes ce savoir subtil, c’est parce qu’il est présent que tout le reste est possible.

A la Source de la Conscience, Editions Les Deux Océans, 1991

mardi 5 mars 2019

Absolument rien ne meurt...


Absolument rien ne meurt, tout, tôt ou tard, devient infini ! 

Entretien du 8 octobre 1980 (A la Source de la Conscience)

vendredi 1 mars 2019

Entretien du 1er août 1980 (A la Source de la Conscience)


Maharaj : Toutes vos activités, qu’elles soient spirituelles ou matérielles, sont basées sur l’identification à l’individu. C’est vous, en tant que personne, qui souhaitez la libération et donc vous demeurez une personne, un individu ; c’est là que se trouve le problème.
Quelle que soit votre certitude d’avoir compris, tant que vous croirez la posséder, vous, en tant qu’individu, cette fausse identité se maintiendra. Celui qui a fait un certain progrès démontré par des résultats tangibles, est un Yogi mais comme son identification à un « je » est toujours là il demeure satisfait de ce qu’il a accompli et il n’évolue plus.
Il faut comprendre les deux aspects de cet être : voir cette nature physique inférieure qui a surgi de lui et en même temps constater qu’il n’existe pas de limites à ce que la conscience peut accomplir, bien que cet état soit par nature limité. Comment celui qui est averti de sa véritable nature et de son potentiel global peut-il se satisfaire de quelque chose relevant d’un état aussi limité ?
En fait le potentiel de la stabilisation de la conscience dans L’Absolu est si grand qu’il vous est impossible même d’imaginer à quoi cela peut correspondre. 
Vous ne pouvez donc vous le représenter que sous son aspect de pure conscience. 

Visiteur : Comment est-il possible de comprendre réellement que nous n’habitons pas cette conscience ?

M : En cet instant, vous êtes dans cette conscience, vous êtes dans cet état, mais vous ne pouvez vous empêcher de juger d’après le corps-intellect. Vous demeurez lié au corps-intellect et vous aimez ce lien. Même si vous viviez cent ans vous demanderiez encore une prolongation ! Dans L’Absolu il ne peut exister aucun besoin pas même celui de se connaître.

Visiteur : Cet état temporaire surgissant de l’Absolu, doit bien avoir une cause ?

M : C’est à cause de la friction qu’il apparaît, de l’interaction des cinq éléments entre eux. C’est semblable à deux très bons amis, leur amitié s’est maintenue pendant des années mais il se produit soudain un désaccord, une friction, et immédiatement ils se battent !
  
Visiteur : Le moment de la mort doit être une expérience traumatisante physiquement et psychiquement, non ?

M : Non, pas toujours. Pour celui qui s’est purifié de tout concept, la mort ne sera que béatitude.
Vous avez une grande culture, beaucoup de connaissances spirituelles, de la sagesse.
Malgré cela au moment de votre mort vous feuilletterez le carnet où sont notés les membres de votre famille... ! 

Visiteur : Si j’ai votre bénédiction j’aurai une mort paisible, je ne me souviendrai plus de personne. 

M : Restez fidèle à l’état le plus haut. Vous n’avez rien à faire, simplement écouter. Si vous écoutez correctement tout se produira de soi-même. Maintenant je viens de vous dire ce qu’est cet être, il est le produit du jeu des cinq éléments. Cette faculté de connaître est le résultat du corps -de- nourriture et c’est ce que vous n’êtes pas, donc, pourquoi vous inquiéter de départ de cette faculté de connaître ?
Avez-vous bien compris que vous êtes uniquement le témoin de cette conscience qui s’est manifestée ? Vous n’êtes pas la conscience, vous n’êtes pas la connaissance, Sat-Guruest votre véritable nature. 
La Conscience ne peut pas être séparée du monde ou de l’Univers parce qu’ils sont une même chose. Il s’agit de ma Maya, elle a surgi du fond de moi or je sais que je ne suis pas cette illusion, J’en suis simplement témoin, c’est simplement mon jeu, mon théâtre, mais je ne suis pas ce théâtre. 
La signification dernière de toute cette sadhana est vous. Quelle que soit votre existence, vous êtes. Personne jusqu’ici n’a écrit cela dans un livre, maintenant certains l’écriront.
Celui qui souhaite étudier cela, écrire là-dessus, devra avoir un point de vue lucide comme un homme de science. 
J’ai choyé excessivement cette connaissance apparue en moi et quel est le résultat final ?
Cette connaissance a été marquée au fer et à présent, sa marque est : « vous avez une maladie et vous allez disparaître. » Je connais donc bien la nature de cette connaissance qui a paru en moi, faites de même, découvrez-la ! J’ai dansé avec cette connaissance, je l’ai appelée Dieu et à présent elle est étiquetée, tamponnée, « malade ». Et alors ! Je sais ce que je suis et je suis avant cela. Je me plains à ma véritable nature et répond : « tout cela n’est qu’un jeu, un passe-temps, cela ne te concerne pas ! » 
Cette conscience même est malhonnête, parce qu’enfin... Je n’ai rien à voir avec tout cela ! Je suis le support. Les gens croient que je suis la cause mais je ne suis pas la cause, je suis la base, le point d’appui, je supporte tout cela !

Visiteur : Dans le Jnani l’être a atteint l’état de non-être et, malgré tout, le monde des apparences se déroule devant lui et il continue à agir. Comment est-ce possible ?

M : C’est un peu comme agir en rêve. Dans le monde du rêve les choses arrivent, elles se produisent d’elles-mêmes, vous ne faites rien.  De cet état élevé il n’existe que l’observation de l’être et de ses activités.  

Extrait de A la Source de la Conscience, Editions Les Deux Océans, 1991