jeudi 14 février 2019

Entretien du 23 avril 1980 (A la Source de la Conscience)


Maharaj : Devenez ami avec votre état indifférencié, avec le vrai Soi. Il n’y a jamais eu de dualité, vous demeurez néanmoins prisonnier de l’illusion de ne pas faire un avec lui.
J’ai compris ma véritable nature, elle est toujours vivante, mais pas de la façon dont tout le monde le croit. Je ne tiens pas à vivre cette vie en m’appuyant sur les connaissances ou les expériences du monde objectif. On me dit que je dois vivre... vivre ainsi ne m’intéresse pas ! Je suis vivant parce que telle est ma nature. C’est là, l’existence est là. Je suis uniquement ici à la suite de cette existence. Mon état véritable – qui est complet, indifférencié – est au-delà de vie et de la mort. Je ne suis jamais contraint par le corps et l’intellect, je suis sans limites.
Moi, Absolu, n’avait jamais expérimenté le fait d’être vivant et à présent je fais l’expérience « je suis vivant » et celle de tous les problèmes qui en découlent ; une expérience limitée dans le temps et dans l’espace. Mais le jour où j’ai tout compris, j’ai découvert que je n’avais jamais réellement fait l’expérience d’être vivant, que je suis un état bien au-delà de l’expérience.
Pourquoi est-ce arrivé ? Mon Guru m’a clairement expliqué que le « Je-conscience » est apparu, que ces expériences ont été éprouvées de manière à ce qu’il soit possible de voir la vraie nature du « Je-conscience », d’aller à sa source et de découvrir d’où vient ce « Je ».
Visiteur : Si je suis malade et inconscient et que Maharaj soit malade et inconscient, quelle différence y aura-t-il entre nous ?
M : Je connais ma véritable nature, je suis Cela, tandis que vous demeurez limité à un corps et une mémoire. Alors si vous vous sentez malade faites venir le médecin, il pourra peut-être quelque chose pour vous... ! Vous avez toutes ces notions, moi je n’ai rien. Je repose au sein de ma vraie nature alors que vous avez pris une couverture sous laquelle vous ne trouvez pas le repos !
N’est-il pas vrai, quand vous êtes malade, que vous ne pensez à rien d’autre que votre maladie... ? Pourquoi êtes-vous entré dans un tel circuit ?
Quand je vous parle ne vous efforcez pas de me comprendre à partir de ce corps-intellect. Votre état véritable est toujours présent, il n’est pas parti se réfugier ailleurs. Vous ignoriez que cet état avait toujours été là et, bien qu’à présent vous le sachiez, vous n’avez rien accompli...Il est toujours présent, il est là de tout temps !
Sur mon état véritable, homogène, uniforme, s’est formée une minuscule ondulation, elle transmettait la nouvelle « Je suis ». Cette nouvelle a fait toute la différence et j’ai commencé à connaître ceci. A présent je connais mon état véritable, donc je comprends d’abord ma vraie nature et je comprends ensuite que cette ondulation « Je suis », va et vient à la surface de ma vraie nature. Vous éprouvez, malheureusement, un grand intérêt pour cette ondulation, mais aucun intérêt pour votre vraie nature !
C’est du sein de mon existence en tant que noumène qu’est apparu le phénomène, cet état actuel. L’homogène comprend le jeu des attributs, les projections de l’esprit, mais les projections de l’esprit – ce mouvement perpétuel – ne peuvent pas comprendre l’homogène, l’immuable. Au moment où cela peut se produire, les projections deviennent une avec lui. Tout le monde s’efforce en vain de comprendre la signification de tout cela. Vous ne comprenez pas parce que vous demeurez emmailloté dans tous ces langes « Je suis ceci et cela » ! Libérez-vous... rejetez tout ça !
Le point de vue ultime est qu’il n’y a rien à comprendre. Donc quand nous nous efforçons de comprendre il s’agit d’une complaisance envers les acrobaties de la pensée.
Tous ces éléments spirituels que vous avez tellement soif de connaître, habitent le monde objectif, sont dans l’illusoire. Toutes vos activités matérielles et spirituelles appartiennent à cette illusion. Tout ceci se produit dans le monde objectif, tout cela n’est que malhonnêteté ; il n’y a rien au sein de cette fraude.
V : Durant la méditation, la nuit dernière, j’ai éprouvé un pur état « je-je ». J’ai compris qu’il s’agissait de la rencontre du Soi.
M : Est-ce là votre compréhension du Soi ? Recrachez-la ! Quoi que vous ayez pu comprendre vous ne l’êtes pas ; pourquoi vous perdez-vous dans ces concepts ? Vous n’êtes pas ce que vous savez, vous êtes ce qui sait !

Extrait de A la Source de la Conscience, Editions Les Deux Océans, 1991

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