mardi 9 mars 2021

Entretien du 05 juin 1981 (extrait)


Maharaj : Maintenant, vous savez que vous êtes. Comment est-ce arrivé, qu’est-ce qui vous fait savoir que vous êtes ? Il faut aller à la source. Il y a cent ans, vous ne saviez pas que vous existiez. Aucun problème alors. Maintenant, à cause de ce savoir, les problèmes ont commencé. C’est à cause du corps que cet «être-moi» a fait son entrée, donc que savons-nous du corps et de ce « sens du Je » ? »

 

Visiteur : Quand le corps s’effondre, quand la personne est morte, est-ce que la mémoire et la conscience continuent ?

 

M. : La conscience et la mémoire sont toutes deux des qualités du corps sustenté par la nourriture. Sans le corps il n’est pas question qu’elles continuent. L’« être-moi » est une qualité du corps sustenté par la nourriture, mais le vrai Soi est autre chose.

 

Visiteur : Turiya (état de conscience suprême) qu’est-ce que c’est ?

 

M. : Turiya veut dire que vous seul restez, rien d’autre. Tant que vous savez que vous êtes, tout est. Apprenez ce que vous êtes et vous aurez toutes les réponses ; découvrez l’origine du corps et de cet « être-moi ». Découvrez tout cela et vous saurez ce que vous êtes.

Tout ce qui change n’est pas votre Soi ; ce corps-esprit change constamment. Il n’était pas là, il est arrivé, il va disparaître. Il n’est pas vous. Découvrez ce que vous êtes.

C’est la conscience qui est importante. Concentrez-vous sur la conscience. Voilà ce qu’est la méditation, méditez et la conscience vous dira tous ses secrets. La conscience aime cet amour-de-soi. Concentrez-vous sur la conscience seulement, vous apprendrez à la connaître. Si vous vous intéressez au monde alors vous ne vous intéressez pas à la conscience. Intéressez-vous seulement à elle, alors elle vous dévoilera tous les secrets et alors vous saurez ce que vous êtes. Ce « vous » saura qui vous êtes, mais cet aperçu signifie conscience pure et, là, il n’y a plus de « Je ».

La méditation c’est se regarder. Être dans la conscience, sans rien d’autre, c’est la connaissance sans langage que vous ÊTES. Il y aura des pensées mais de plus en plus faibles, seul le sens d’être, d’étant, continuera : seulement la conscience, sans activité aucune. Se regarder agir, par exemple observer sa colère, est, à un niveau inférieur, celui de l’identification au corps-esprit.

 

Extrait de Conscience et Absolu, Editions Les Deux Océans 1997


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