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Maharaj : Toute image que vous avez de vous est fausse. Demeurez dans votre Soi, c’est la vraie connaissance. Essayez de comprendre toute cette connaissance que vous recueillez en ce moment. La soi-disant connaissance que vous glanez ailleurs ne s’occupe que de l’ignorance ; elle n’atteint pas le Soi, la vraie connaissance. Tout ce à quoi le mental aspire n’est pas la vraie connaissance. On ne peut pas facilement comprendre la vraie connaissance. Si j’avais eu l’expérience du « Je suis » auparavant, est-ce que j’aurais eu le désir d’entrer dans le sein de ma mère ? Avant d’entrer dans la matrice maternelle je ne me connaissais pas, il n’y avait pas « d’être moi ». Toute la soi-disant connaissance est corrompue par les mots, ce n’est que de l’ignorance. Vous, l’Absolu, vous observez l’état d’éveil, vous savez ce qu’est la conscience, ce qu’est l’état de sommeil ; donc vous n’êtes pas ça.
Des millions de gens ont passé, où pourrais-je être parmi eux ? Il n’y a aucune individualité reliée à aucune de ces formes, mais j’ai toujours été, et je suis toujours, le fonctionnement total. Sans moi, il n’y a pas de fonctionnement. Je suis le fonctionnement total, à chaque instant, il y a des millions d’années aussi bien que maintenant.
J’ai une vision claire de ce qui précède, et pourtant il faut accepter la souffrance physique, à cause de la conscience. La conscience a pour nom souffrance. Cette vie de souffrance touche à sa fin. Ce principe, quel qu’il soit, fait l’expérience de toutes les souffrances, quand il est mis avec le corps et la conscience ; en même temps, il sait qu’il vaut des millions de dollars, comme un tonneau d’or. Ce principe, qui a compris et qui a saisi ce que la souffrance et la conscience sont, vaut des millions. Je ne m’occupe pas de la spiritualité des masses. Ici, on ne va pas vous déverser la spiritualité du commun. Ce Vous Ultime ne peut jamais être perdu ; tout ce que vous avez pu perdre n’est que des mots. Ce Vous Ultime se sait et se sent être « Je suis » sans aucun mot. Ce « Je suis » amène la connaissance du monde. Vous n’êtes pas seul, vous faites partie intégrante de la connaissance du monde.
Le Jivatman(soi individuel) s’identifie au corps-esprit en tant qu’individu séparé du monde. L’Atman (le Soi) est seulement l’être, ou la conscience, qui est le monde. Le Principe Ultime qui connaît cet étant ne peut pas être nommé du tout. On ne peut pas l’approcher ou le conditionner avec des mots. C’est l’Etat Ultime.
Je ne veux pas de disciples soumis et humbles, je les veux forts, comme moi. Je ne produis pas des disciples, je produis des Gurus.
Je veux que votre remise en question personnelle soit radicale, totale, sans conditions.
Question : Comment me stabiliser dans ma prise de conscience ?
M : Vous savez que vous êtes. Ceci est en soi la prise de conscience. Si vous pensez que vous devez être conscient, vous entrez dans l’état d’expérience. Vous voulez faire l’expérience de quelque chose. Ne considérez pas votre corps-esprit comme étant vous. L’identification au corps-esprit, ça va pour la vie de tous les jours, mais quand vous devez vous comprendre, il ne faut pas comprendre qu’on est le corps-esprit. Vous avez la connaissance du « Je suis ». Cela en soi signifie que vous êtes.
La prise de conscience, c’est cet état où la conscience s’enfonce en elle-même.
Ce corps est l’expression du produit de la nourriture consommée. La matière est consommée sous forme de nourriture, et voilà le résultat. S’il y a de moins en moins de nourriture, le corps s’amaigrit, s’étiole. Vous n’êtes pas ça, votre image est autre. (Montrant le corps : ) ce n’est qu’une boîte à mangeaille. Pourquoi cette figure maigre ? Parce que l’apport de nourriture est réduit. Le corps-nourriture, vous n’êtes pas ça. L’état d’éveil, vous n’êtes pas ça. L’état de sommeil profond, vous n’êtes pas ça. Vous connaissez l’état d’éveil. Puisque vous connaissez l’état d’éveil, vous n’êtes pas l’état d’éveil. Vous connaissez l’état de sommeil profond, vous n’êtes donc pas l’état de sommeil profond.
Q : Je n’y comprends rien, je suis perdu.
M : Ce « vous » Ultime ne peut jamais être perdu. Tout ce que vous avez perdu, ce ne sont que des mots. Qui vous a dit que vous étiez perdu ? Vous savez que vous êtes, « Je suis ».
Dès que le sentiment « Je suis » apparaît, le monde aussi apparaît. « Vous êtes » n’est pas seul, dans l’isolement. Vous êtes une part intégrale de la connaissance du monde.
Dans la hiérarchie de la conscience il y a trois étapes :
- Jivatman, c’est celui qui s’identifie au corps-esprit. Celui qui pense je suis un corps, une personne, un individu différent du monde. Il s’exclut et s’isole du monde comme une personne séparée, à cause de l’identification au corps et à l’esprit.
- Vient ensuite l’être, ou la conscience, qui est le monde. « Je suis » signifie mon monde entier. Juste l’être et le monde. En même temps que l’être le monde est ressenti – c’est Atman.
- Le Principe Ultime, qui sait que l’être ne peut avoir de nom. Aucun mot ne peut l’approcher ou le déterminer. C’est l’état Ultime.
J’explique cette hiérarchie avec des mots de tous les jours, par exemple : j’ai un petit fils (ça c’est jivatma). J’ai un fils, et je suis le grand-père. Le fils et le petit fils sont issus du grand-père.
Ces trois étapes, on ne peut pas les appeler de la connaissance. Le terme connaissance s’applique au niveau de l’être. Je vous ai transmis l’essence de mes enseignements.
A quoi êtes-vous identifié maintenant ? Vous êtes venu au monde avec quelle identité ? Vous voudriez quitter ce monde avec quelle identité ? Normalement les gens s’accrochent à l’identité corporelle, mais je l’ai jetée par-dessus bord – vous n’êtes pas le corps. Je vous demande : « Vous êtes quoi ? Quelle peut être votre identité, maintenant que vous n’êtes pas le corps ? ». Vous pouvez répondre ce que vous voulez, les mots seront toujours incorrects, ils seront faux.
Vous vous accrochez avec l’énergie du désespoir au corps-esprit, comme étant vous. Vous devez avoir la conviction inébranlable que vous n’êtes pas le corps-esprit, que vous n’êtes même pas la conscience dans l’être.
Faites une expérience sur vous. Vous observez un bâton ; est-ce que vous dites au bâton : « Je suis en train de t’observer » ?
Quand on est tout seul avec soi-même, rien n’est utile, aucun entretien n’est utile. Quand on se fond dans son identité véritable rien n’a plus d’importance, parce que rien n’est. Quand le « Je » s’affaisse, il ne reste plus que la prise de conscience directe.
Extrait de Conscience et Absolu, Editions Les Deux Océans 1997
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