"Question : Mais la personne ne peut pas être éliminée.
 Maharaj : La personne n’est que le résultat d’un malentendu. En réalité, il n’y a rien de tel. Les sensations, les pensées et les actes défilent devant l’observateur dans une succession sans fin qui laisse des traces dans le mental et donne une illusion de continuité. Un reflet de l’observateur dans le mental crée la sensation du « Je » et la personne acquiert une existence apparemment indépendante. En réalité, il n’y a pas de personne, seulement l’observateur qui s’identifie au « je » et au « mien ». Le maître dit à l’observateur : « Vous n’êtes pas ceci, rien de vous n’est dans ceci, sauf le petit point du « je suis » qui est le pont entre l’observateur et son rêve ». « Je suis ceci, je suis cela », c’est le rêve, alors que le pur « je suis » a sur lui l’empreinte de la réalité. Vous avez goûté à beaucoup de choses, toutes ont été réduites à rien. Seule la sensation « je suis » a persisté, inchangée. Parmi ce qui change, demeurez dans l’immuable jusqu’à ce que vous soyez capable d’aller au-delà.

Q: Quand cela arrive-t-il ?
 M: Cela arrivera quand vous aurez supprimé les empêchements.

Q: Quels empêchements: ?
 M: Le désir du faux et la peur du vrai. En tant que personne, vous pensez que votre Guru s’intéresse à vous personnellement. Il n’en est rien. A ses yeux, vous êtes une calamité et une gêne dont il doit se débarrasser. En fait, il vise à votre élimination en tant qu’élément dans la conscience.

Q: Si je suis éliminé, que restera-t-i! ?
 M: Rien ne restera, tout restera. La sensation d’identité demeurera, mais il n’y aura plus d’identification à un corps en particulier. L’être, l’éveil, l’amour brilleront de toute leur splendeur. Ce n’est jamais la personne qui est libérée, on est libéré de la personne.

Q: Et il ne reste plus aucune trace de la personne ?
M: Il reste une vague réminiscence, comme celle d’un rêve, ou de la petite enfance. Et  après tout, qu’y a-t-il à se rappeler ? Un flot d’événements, pour la plupart accidentels et sans signification Une suite de désirs et de peurs, de fautes stupides ? Y a-t-il là  quelque chose qui mérite qu’on s’en souvienne ?La personne n’est qu’une coquille qui vous emprisonne. 
Brisez la coquille."
Nisargadatta Maharaj, Je suis.

Sur le blog de José Le Roy : Eveil et Philosophie