jeudi 31 décembre 2009

Entretien du 31 décembre 1980 (A la Source de la Conscience)


Visiteur : Lorsque vous commencez à vous unir à la conscience des autres il y a une surcharge émotionnelle parce que vous ressentez leur chagrin et tout le reste. Est-ce un état transitoire ?

Maharaj : C’est un des états préliminaires, mais c’est excellent. Il demeure une « séparativité », mais graduellement cet état mûrira et s’ouvrira sur une unité complète.

V : Je n’éprouve plus aucun désir, aucune envie de faire un effort pour obtenir quoi que ce soit.

M : Il n’y a aucun mal à cela. Votre faim et soif de plénitude et joie sont complètement satisfaites et donc vous cessez de vouloir autre chose.

V : Va-t-il demeurer une personnalité à même de remplir mes obligations quotidiennes ?

M : Bien sûr. Cette évolution ne doit pas devenir une source d’inquiétude ou de peur. Il se trouve simplement que vous ne vous souvenez plus de ce « je » individuel. Il continue néanmoins à agir en utilisant ses propres ressources d’énergie. Il existe une mémoire qui est celle de l’ensemble de la manifestation, mais aucune de l’activité d’un individu.

V : J’ai le sentiment d’être un avec la conscience, mais c’est fluctuant.

M : Vous ne vous êtes pas encore stabilisé au sein de la conscience, vous en avez seulement de brefs aperçus. Etre un avec la conscience, c’est être au-delà des états de veille et de sommeil. Vous connaissez le ciel, vous connaissez l’espace, mais vous ne pouvez pas vous unir à l’espace… pas encore, ce n’est pas possible. Quand la conscience et vous ne ferez plus qu’un, vous ne ferez plus qu’un avec l’espace.

V : Puis-je faire quelque chose pour grandir, pour m’aider à progresser ?

M : La conscience ne peut faire aucun progrès. Même l’espace ne peut pas progresser et l’espace est numéro trois.

L’Absolu est un, la conscience est deux, trois est l’espace. Le numéro un est là où n’existe aucun sentiment « Je Suis ». Plus tard il y a le constat « Je Suis », qui est numéro deux, puis l’espace, le numéro trois.

Faites passer un examen aux Upanishads, vous donnent-elles la révélation de Soi ?

V : Non… malgré tout elles donnent quelque chose.

M : Dans mon cas tout est spontané, voilà mon dharma. Si des érudits viennent me dire que je perds la tête je leur dirai « Cette folie est ma richesse, ma liberté. Ce savoir qui s’était posé sur moi, c’est cela qui est folie ! »

Vous êtes une femme gracieuse, délicate, si quelqu’un vient vous parler brutalement, vous considérant comme un homme, cette méprise vous mettra en colère. De même, vous identifier à quelque chose – « Je suis comme ceci… » – est faire injure à votre nature originelle.

V : Comment perdre cette identification au corps ?

M : Développez la certitude d’être la conscience sans forme. Affirmez avec conviction « Je suis l’ensemble de la manifestation, la conscience universelle ». Personne ne peut avoir connaissance de la vérité, connaissance de l’Eternel. Il y a un état de réalité éternelle, mais c’est un état qui ne peut être connu, il est intouchable. La soi-disant connaissance, elle, il y en a tant qu’on en veut au niveau des attributs et des qualités, au niveau « Je suis » !

Dans ce corps est « Je suis » et il peut être connu. Quand ce corps tombera inanimé, ce savoir « Je suis » s’arrêtera lànmais ce qui demeurera sera l’Absolu.

Extrait de A la Source de la Conscience, Editions Les Deux Océans, 1991

jeudi 24 décembre 2009

Entretien du 25 décembre 1980 (Conscience et Absolu)

Question : Quand on s’occupe des affaires de ce monde, sur quoi faudrait-il se concentrer ?

Maharaj : Le principe du « Je Suis » est là, il remue sans cesse. Pour pouvoir le reconnaître vous mettez des uniformes variés, afin de lui donner une identité. Il est là, et vous vous absorbez dans toutes sortes d’activités. A moins de porter l’uniforme (votre corps-esprit), vous ne pouvez avoir aucune activité.

Ces explications s’adressent à Isvara (le principe divin en vous), qui pour le moment est piégé dans l’illusion qu’il est l’entité corps-esprit. Vous avez accepté l’identité qui va avec cet uniforme, c’est votre ego.

Isvara est le principe de la manifestation, qui permet à toutes les activités d’avoir lieu. Il n’a pas de forme – les formes sont basées sur le jeu original des cinq éléments (espace, air, feu, eau, terre). Et maintenant, ce principe est complètement fondu dans l’uniforme, on ne le reconnaît que par l’uniforme qu’il a pris. Vous avez peur de la mort parce que vous avez peur de perdre votre identité, le corps-esprit.

L’uniforme est là, pas de raison de ne pas l’utiliser, mais soyez bien conscient que vous n’êtes pas cet uniforme.

Q : Qu’est-ce qu’on fait quand il nous cause des ennuis ?

M : Retirez-vous dans le Soi, soyez un avec votre Soi vrai.

Cet étant aime avoir des expériences variées. Il devient mendiant ou bien roi.

Ce corps est-il éternel ? Il change sans arrêt, toute votre vie durant. Alors, à quoi allez-vous vous identifier ?

Q : Je m’identifie à mon corps, je le sais bien.

M : Qui ?

Q : Moi.

M : Donnez-moi une photo du sens de ce mot : « Je ». C’est impossible. Ce principe n’a ni nom ni forme. Tout ce qui est dû à l’uniforme va disparaître sans traces, c’est ma certitude inébranblable. Quel uniforme dure, je vous le demande ? Une fois que vous savez que vous n’êtes ni la forme ni le nom de cet uniforme, c’est terminé. C’est comme si vous aviez caché des billets de mille roupies sous votre matelas, et soudain le gouvernement annonce qu’ils n’ont plus cours.

Quand vous laisse tomber l’uniforme du « Je Suis » (de l’être-moi), il ne reste que le Parabrahman (Absolu suprême). Lui seul est éternel.

Q : Maharaj va-t-il m’aider à me défaire de mon uniforme ?

M : Pour quoi faire ? Il n’est pas éternel, il ne l’a jamais été.

Q : Nous avons toujours le nôtre, ça pose problème.

M : Dites-moi, quand la conscience n’était pas là, qu’est-ce que vous aviez comme expériences ? Un petit coup de « Je Suis » et voilà, l’être-moi se sait exister, ainsi que le monde.

Q : Comment se défaire de cette conscience ?

M : Pour quoi faire ? Si vous croyez que vous êtes cet uniforme, alors le problème se pose de s’en défaire. Abandonner votre identité avec le corps-esprit, essayez de vous mettre en question. Maintenant vous avez seulement le savoir, vous ne pouvez percevoir l’état (qui est au-delà). Vous venez ici parce que vous êtes ignorants, pas parce que vous savez. Le savoir que je dispense ne fait que dissiper l’ignorance (il n’ajoute rien).

Extrait de Conscience et Absolu, Editions Les Deux Océans 1997

jeudi 17 décembre 2009

Entretien du 11 août 1976 (Notes)

Question : Qu’est ce que la pure ignorance ?

Maharaj : Vous pourriez ne pas aimer ma réponse.

Q : On verra bien.

M : L’ensemble du monde objectif n’est qu’illusion, ainsi que tout ce que vous y faites.

Ce que vous faites n’a absolument aucun effet sur le monde. Que vous existiez (en tant que personnalité, sensation ou conscience de Je suis) est en soi, une illusion, donc, tout ce qui est vu à travers cette illusion ne peut-être réel. Tout ce que je dis – même cette entière discussion est illusion. Au-delà vous devez continuez seul.

Même si je pouvas en dire plus vous n’apprécieriez pas.

Pour aller au temple de Shiva, vous devez marchez sur Shiva. Il n’y a pas de différence entre le Christ et un grain de poussière sur la route. Tout est Brahman. Si j’allais à la plage de Chowpatty et parlais ainsi aux gens, ils me lapideraient. La chose essentielle est la conscience « de ce que je suis ».

Quand cela n’est pas présent, je ne suis pas ici et aucune autre personne ne peut l’être.

Toutes idées de Dieu et Loka (ciel, enfer, etc.) ne sont que cela – des idées venant de la conscience de vous. Celle-ci va et vient, mais vous (la Réalité, le Soi) êtes au-delà. La pure ignorance est pure science (Vi-jnana).

Le Jnani dit que votre propre conscience (au sens de Je suis dans sa pureté) est le seul vrai Dieu. Toutefois mon Satguru (Soi véritable) ne connaît même pas cela. A partir de ce Dieu, (la conscience de Je suis) toutes les autres choses apparaissent, mais il n’y a pas de Dieu dans mon état originel.

Q : Un yogi vivant peut-il être un nir-yogi (au delà du yoga) ?

M : A la naissance, vous obtenez la connaissance que vous existez. Combien de temps avant d’avoir acquis cette connaissance, étiez-vous sans connaissance ?

Q : Je n’ai aucune réponse à cela.

M : C’est au-delà du temps, de l’espace et des Guna (qualités), c’est au-delà de tout. Vous avez rejeté cette connaissance et embrassé la connaissance objective, qui est temporaire et la cause de notre souffrance et de tous nos maux.

Q : Vous dites : « vous avez rejeté cette connaissance ». Qui a rejeté cette connaissance ?

M : Que vous existiez n’est qu’une illusion ; que vous existiez (en tant que quelqu’un ou quelque chose de séparé) est le rejet. La nature de Maya est qu’elle apparaît diverse et multiple, mais, au final, tout disparaît. Vous ne pouvez pas parler d’un commencement car c’est au-delà du temps.

Votre essence est Pure Conscience.

Le Satguru (Soi, Réalité) diminue l’effet de cette Maya ou illusion, elle se réduit de plus en plus, jusqu’à finir par se fondre dans le Satguru. Vous ne pouvez transcender l’action, que lorsque vous retournez à la Source. Que vous existiez (dans le sens de Je suis) est l’illusion, sa nature est de diviser et d’apparaître multiple.

Je suis nir-yogi (au delà du yoga). Les mots et les expressions viennent de la conscience, par le Chit-shakti (le jeu ou mouvement de l’énergie ou la puissance de la conscience). Je regarde apparaître le monde. Maya se comporte comme quelqu’un qui dénoncerait ses complices et, de ce fait, serait gracié, elle raconte l’histoire de sa propre supercherie.

Q : Y a-t-il donc deux réalités pour le Jnani, l’objective et la subjective ?

M : Je suis niryogi dans Paramatman (Suprême Réalité). Je comprends le travail de cette Maya et j’en suis le témoin. Maya est décrite comme « ce qui n’est pas ». Quand vous devenez conscient de « vous » (quand naît le sens de Je suis), vous accordez de la réalité au monde objectif, qui est en perpétuelle mutation et transformation. Je sais que c’est Maya.

Quand je suis seul, cette Maya disparaît et je reste dans mon état naturel.

Ce que je dis peut ressembler aux mots de Brahma (Dieu le créateur) mais je suis allé au-delà de Brahma ou de l’état de yogi (état d’union), car dans l’état naturel, il n’y a jamais eu de séparation, comment pourrait-il donc y avoir yoga (union) ou réunion ? Je sais que ce n’est qu’une illusion et que je suis au-delà et à l’écart de tout cela. Même si vous expérimentez encore le monde dans la dualité, en réalité, vous et l’expérience ne faites qu’un.

Extrait de « Nisargadatta. Notes » de Mark West. Editions Charles Antoni / L’Originel. 2007

lundi 14 décembre 2009

lundi 7 décembre 2009

Entretien (extrait) no 93 (Je Suis)


Maharaj : Quand vous êtes lié par l’illusion « je suis ce corps », vous n’êtes qu’un point dans l’espace et un instant dans le temps. Quand l’identification de soi au corps a disparu, tout l’espace et tout le temps sont dans votre mental qui n’est qu’une simple vague dans la conscience qui, elle-même, est la Pure Conscience réfléchie dans la nature. La conscience et la matière sont les aspects actif et passif de l’être pur qui se situe dans les deux et au-delà des deux. Mon sentiment est que tout ce qui se passe dans l’espace et dans le temps m’arrive à moi, que toute expérience est mon expérience, que chaque forme est ma forme. Ce que je pense être à moi devient mon corps et tout ce qui arrive à ce corps devient mon mental. Mais à la base de l’univers se trouve la Pure Conscience, au-delà de l’espace et du temps, ici et maintenant. Sachez qu’elle est votre être authentique et agissez selon ce savoir.

Extrait de « Je Suis », Edition des Deux Océans, 1982