dimanche 13 janvier 2019

Entretien du 1er janvier 1979 (extrait)


Maharaj : Tout est la vérité, l’Absolu. Ce Brahmanest créé à partir de votre sensation d’existence individuelle. Tout ce Brahmanest une illusion, née de l’ignorance, car votre sensation d’existence individuelle, du point de vue de l’Absolu, n’est qu’ignorance. Encore une fois, à partir de cette ignorance, cette sensation d’existence individuelle produit tout, l’entière manifestation. Sur l’Absolu, la sensation d’existence individuelle apparaît, et de là vient l’illusion qui habite la vérité.

Visiteur : Quelle est donc la façon de renverser ce processus ?

M. : Reculez, reculez. Le lion, où qu’il aille, regarde derrière lui. Ainsi, regardez en arrière, remontez à la source, à la graine.
Lorsque vous êtes engagé sur la voie spirituelle, la voie de la connaissance de soi, tous vos désirs et tous vos attachements tombent simplement, à condition que vous enquêtiez et que vous vous accrochiez à ce grâce à quoi vous tentez de comprendre le soi. Qu’arrive-t-il alors ? Votre sensation d’existence individuelle est l’état « être ». Vous êtes « être » et attaché à cet état. Vous aimez être. Comme je l’ai mentionné, cette recherche efface vos désirs. Et quel est donc le désir primordial ? Être. Lorsque vous séjournez dans cet être pour un moment, ce désir –là disparaît aussi. Ceci est très important. Une fois ce désir abrogé, vous êtes dans l’Absolu, cet état si essentiel.

V. : C’est exactement le sentiment qui nous a envahis aujourd’hui. Il y a une certaine tristesse dans cette réalisation, et pourtant une plus grande compréhension de l’Absolu.

M. : De la tristesse parce que cette sensation d’existence individuelle était triste (rires). 

V. : Vous savez qu’il y a l’Être, et vous allez vers le non-Être. Il y a aussi toutes les choses de l’Être, et vous savez qu’elles ne sont vraiment rien. Mais c’était agréable ; cétait une grande illusion pendant ce temps.

M. : Séjournez dans votre état véritable. Il est toujours là, dans toute sa pureté et sa placidité. Seule cette conscience, le sentiment d’existence individuelle, se retire consciemment de l’Absolu. Ce « vous »… Vous êtes seulement présent ; il n’y a pas le moindre mouvement de votre part. Le spectacle tire à sa fin.

V. : Voudriez-vous répéter cela un petit peu plus clairement ?

M. : Oui. Lorsque vous êtes dans la conscience individuelle, vous comprenez la nature de cette conscience et vous reculez. Vous continuez à progresser et cette conscience s’éteint lentement ; en toute connaissance de cause, elle disparaît. Mais rien ne Vous affecte, parce que ce Vous est l’Absolu. Quand la flamme s’est éteinte et que la fumée s’est dissipée, le ciel demeure.

V.: Magnifiquement dit !
  
L’Ultime Guérison (extrait), Editions de Mortagne, 1997

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