vendredi 1 mars 2019

Entretien du 1er août 1980 (A la Source de la Conscience)


Maharaj : Toutes vos activités, qu’elles soient spirituelles ou matérielles, sont basées sur l’identification à l’individu. C’est vous, en tant que personne, qui souhaitez la libération et donc vous demeurez une personne, un individu ; c’est là que se trouve le problème.
Quelle que soit votre certitude d’avoir compris, tant que vous croirez la posséder, vous, en tant qu’individu, cette fausse identité se maintiendra. Celui qui a fait un certain progrès démontré par des résultats tangibles, est un Yogi mais comme son identification à un « je » est toujours là il demeure satisfait de ce qu’il a accompli et il n’évolue plus.
Il faut comprendre les deux aspects de cet être : voir cette nature physique inférieure qui a surgi de lui et en même temps constater qu’il n’existe pas de limites à ce que la conscience peut accomplir, bien que cet état soit par nature limité. Comment celui qui est averti de sa véritable nature et de son potentiel global peut-il se satisfaire de quelque chose relevant d’un état aussi limité ?
En fait le potentiel de la stabilisation de la conscience dans L’Absolu est si grand qu’il vous est impossible même d’imaginer à quoi cela peut correspondre. 
Vous ne pouvez donc vous le représenter que sous son aspect de pure conscience. 

Visiteur : Comment est-il possible de comprendre réellement que nous n’habitons pas cette conscience ?

M : En cet instant, vous êtes dans cette conscience, vous êtes dans cet état, mais vous ne pouvez vous empêcher de juger d’après le corps-intellect. Vous demeurez lié au corps-intellect et vous aimez ce lien. Même si vous viviez cent ans vous demanderiez encore une prolongation ! Dans L’Absolu il ne peut exister aucun besoin pas même celui de se connaître.

Visiteur : Cet état temporaire surgissant de l’Absolu, doit bien avoir une cause ?

M : C’est à cause de la friction qu’il apparaît, de l’interaction des cinq éléments entre eux. C’est semblable à deux très bons amis, leur amitié s’est maintenue pendant des années mais il se produit soudain un désaccord, une friction, et immédiatement ils se battent !
  
Visiteur : Le moment de la mort doit être une expérience traumatisante physiquement et psychiquement, non ?

M : Non, pas toujours. Pour celui qui s’est purifié de tout concept, la mort ne sera que béatitude.
Vous avez une grande culture, beaucoup de connaissances spirituelles, de la sagesse.
Malgré cela au moment de votre mort vous feuilletterez le carnet où sont notés les membres de votre famille... ! 

Visiteur : Si j’ai votre bénédiction j’aurai une mort paisible, je ne me souviendrai plus de personne. 

M : Restez fidèle à l’état le plus haut. Vous n’avez rien à faire, simplement écouter. Si vous écoutez correctement tout se produira de soi-même. Maintenant je viens de vous dire ce qu’est cet être, il est le produit du jeu des cinq éléments. Cette faculté de connaître est le résultat du corps -de- nourriture et c’est ce que vous n’êtes pas, donc, pourquoi vous inquiéter de départ de cette faculté de connaître ?
Avez-vous bien compris que vous êtes uniquement le témoin de cette conscience qui s’est manifestée ? Vous n’êtes pas la conscience, vous n’êtes pas la connaissance, Sat-Guruest votre véritable nature. 
La Conscience ne peut pas être séparée du monde ou de l’Univers parce qu’ils sont une même chose. Il s’agit de ma Maya, elle a surgi du fond de moi or je sais que je ne suis pas cette illusion, J’en suis simplement témoin, c’est simplement mon jeu, mon théâtre, mais je ne suis pas ce théâtre. 
La signification dernière de toute cette sadhana est vous. Quelle que soit votre existence, vous êtes. Personne jusqu’ici n’a écrit cela dans un livre, maintenant certains l’écriront.
Celui qui souhaite étudier cela, écrire là-dessus, devra avoir un point de vue lucide comme un homme de science. 
J’ai choyé excessivement cette connaissance apparue en moi et quel est le résultat final ?
Cette connaissance a été marquée au fer et à présent, sa marque est : « vous avez une maladie et vous allez disparaître. » Je connais donc bien la nature de cette connaissance qui a paru en moi, faites de même, découvrez-la ! J’ai dansé avec cette connaissance, je l’ai appelée Dieu et à présent elle est étiquetée, tamponnée, « malade ». Et alors ! Je sais ce que je suis et je suis avant cela. Je me plains à ma véritable nature et répond : « tout cela n’est qu’un jeu, un passe-temps, cela ne te concerne pas ! » 
Cette conscience même est malhonnête, parce qu’enfin... Je n’ai rien à voir avec tout cela ! Je suis le support. Les gens croient que je suis la cause mais je ne suis pas la cause, je suis la base, le point d’appui, je supporte tout cela !

Visiteur : Dans le Jnani l’être a atteint l’état de non-être et, malgré tout, le monde des apparences se déroule devant lui et il continue à agir. Comment est-ce possible ?

M : C’est un peu comme agir en rêve. Dans le monde du rêve les choses arrivent, elles se produisent d’elles-mêmes, vous ne faites rien.  De cet état élevé il n’existe que l’observation de l’être et de ses activités.  

Extrait de A la Source de la Conscience, Editions Les Deux Océans, 1991

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire