mercredi 29 janvier 2020

LA STABILISATION DANS LE SOI ARRÊTE LE BAVARDAGE MENTAL (28 mai 1978)



   Vous croyez, à tort, être le corps ; car l’espace entier est le corps de votre conscience, de laquelle vous êtes le connaisseur. Et puisque vous êtes seulement la conscience avec l’espace entier comme votre corps, quels seront vos besoins ? Alors, y aurait-il un gain ou une perte quelconques pour vous ? La véritable austérité est de demeurer en tant qu’espace, fermement. Si vous avez cette conviction-là, aurez-vous besoin d’une famille, d’une maison et d’un village ? Ne restez jamais comme un être humain.
   L’instrument principal dont vous disposez est votre conscience. Avec elle, vous faites des actions et vous accomplissez ce qui est possible. Cette conscience occupe l’univers entier sous la forme des cinq éléments. Krishna a transmis d’immenses connaissances spirituelles. N’était-ce pas sa conscience qui lui a permis de faire tout cela ? Il l’a gardée aussi pure que possible. Pour d’autres aussi, la conscience est le principal capital, mais elle est contaminée par le péché et le mérite. Que vous voyiez un fantôme ou que vous voyiez Dieu, c’est vu dans la lumière de votre conscience. Ordinairement, cette connaissance n’est pas transmise si ouvertement et directement. Les enseignants spirituels essaient d’engager leurs disciples dans un nombre croissant de pratiques religieuses. Par ailleurs, je vous dis que l’espace entier est votre lumière ; et si vous développez cette conviction-là, qu’est-ce qui se passera ?
   Après être venu ici, que pensez-vous être ? Si vous êtes la conscience elle-même, comment votre « je » peut-il subsister ? Si l’on est vraiment spirituel, on ne s’occupe de rien, à part de savoir que l’on est la conscience pure. La même conscience s’identifie, à présent, avec le corps. On doit constamment se rappeler qu’on est la conscience pure, pour que le corps soit oublié. Le Connaisseur de la conscience est-il en amont d’elle, ou en aval ? Il est en amont, et également indescriptible par les mots. Être-Conscience-Félicité est la qualité de la conscience. La conscience est compréhensible ; son Connaisseur ne l’est pas. On peut parler de cette manière seulement quand il n’y a plus de secret à propos d’Être-Conscience-Félicité. Cette connaissance de est le résultat de l’expérience directe.
Sat Chit Ananda
   Il fut un temps où vous avez existé sans ce sens d’être. En réalité, connaître son être même est Conscience-Félicité. Tant que vous n’avez pas la connaissance de Sat Chit Ananda, vous devez vous contrôler. La stabilisation dans le Soi arrête le bavardage mental.
   Votre peur est un indicateur de péchés, le principal péché étant votre identification avec votre corps. Vous devez limiter l’usage de vos cinq sens du toucher, de l’ouïe, de la vue, du goût et de l’odorat, autant que possible. Prêter attention à Cela qui écoute ce discours, c’est de la méditation.
   Votre véritable valeur se manifestera tranquillement de l’intérieur. Vous devez connaître la grandeur de votre conscience. Une partie infime d’elle s’étend dans tout l’univers. Vous recherchez quelque chose qui est déjà avec vous. Pour la véritable connaissance, il est nécessaire de connaître la valeur de votre conscience. Elle est la même que celle de Parameshwara. Sans elle, même Vishnu et Shiva n’auraient pas pu affirmer leur existence. Votre foi dans l’illusion au lieu des faits, c’est maya. Elle vous quitte dès que vous connaissez la véritable valeur de la conscience. En son absence, qui chanterait le nom de Rama ? En qualifiant Atman d’homme ou de femme, vous êtes seulement en train d’inviter votre mort. Après la réalisation du Soi, ne faites pas semblant d’être un Guru, et ne commencez pas à prêcher. Jusqu’à ce qu’il y ait une expérience directe, immergez-vous dans ce que vous avez entendu ici.
   Sans réaliser la grandeur de votre conscience, vous l’utilisez pour vous qualifier de pécheur. Quand la Vérité est connue une fois pour toutes, y a-t-il un besoin quelconque d’être en samadhi ? Vous imaginez être petit. Cela donne de la force à vos pensées pour vous torturer. Vous n’êtes pas petit du tout, mais universel. Renoncez à tous vos concepts, et stabilisez-vous en amont d’eux. La Vérité est soudainement devenue consciente de son existence, ce qui a donné naissance à l’univers entier. Quand votre conscience se fond dans la Vérité, votre simple présence attire des gens. Maya est ce qui apparaît simplement, mais qui ne dure pas. Atman est le substrat de toute manifestation. Tout ce qui apparaît est voué à disparaître, ce qui est communément appelé la mort. Les cinq éléments sont très puissants, mais ils sont contrôlés par les qualités rajas et tamas, qui, à leur tour, reçoivent de l’énergie de sattva. Ce que nous appelons la « naissance » est la naissance du monde dans la conscience d’un individu. Celui qui a le sentiment d’être éveillé est l’origine du monde. Je suis son Connaisseur, connaissant tout à travers mon sentiment d’être. C’est la puissance de mon êtreté. La veille est de taille infime, mais l’univers entier naît d’elle.
   Notre état de veille n’est rien d’autre que de savoir que nous existons. Nous faisons l’expérience du monde au moment même où nous en venons à savoir que nous existons. Notre identification avec le corps invite le plaisir et la souffrance. Sans une enquête approfondie, l’énigme de la naissance ne peut être résolue. Avec le sens d’être apparaît le monde – comme un intrus. Notre sentiment « je suis » même se transforme dans ce monde. Notre conscience est Atman, Guru, ou Dieu. C’est répété pour que vous ne l’oubliiez jamais. En s’identifiant avec le corps, on se noie, et l’esprit est tenu responsable. Mais l’esprit ne constitue qu’un flot de pensées, en présence de la conscience. Notre compréhension de ce qui est bon ou mauvais est basée sur la signification de ces pensées. Dans ce monde, tous les êtres vivants luttent pour survivre, mais je vous demande d’être préparé à perdre même votre sentiment « je suis ». Rappelez-vous toujours que vous êtes Cela en raison de quoi il y a la confiance d’être et le flot de tous les mots.
   Tant que le souffle est là, nous faisons l’expérience du monde. Comment un monde, contrôlé par le souffle, peut-il être vrai ? Y avait-il un monde quelconque avant votre naissance ? Vous devez répondre à cette question à partir de votre expérience directe, sans ouï-dire ou information reçue. L’information de votre naissance est la source du monde. Puisque vous êtes le non-né, la naissance et la mort ne sont pas pour vous. Votre sens d’être ne crée pas un individu, mais il crée le monde. L’identité du corps rend difficiles les choses qui sont faciles. L’intemporel a été remis entre les mains du temps, et un délai a été fixé. Qui d’autre que votre Sadguru ou vous-même peut prouver que vous n’êtes jamais né ? Avec votre conviction, vous pouvez vous-même être la preuve de la véracité des paroles du Guru. Un vrai disciple poursuit cela jusqu’au bout, que le corps reste ou disparaisse.
   Pour Paramatman, jiva et Shiva sont tous les deux faux. Seule la conscience pure a la chance de réaliser cette vérité. Alors il y a la dissolution du sens d’être. Est-ce que cela peut affecter ce qui est en amont de tout sentiment d’être ? Tant que vous n’êtes pas libre de vos concepts, désirs et attentes, vous devez rester vigilant et vous protéger. La conscience, qui est fausse, donne naissance au monde, et non pas à vous. De quels pouvoirs avez-vous besoin pour vous déplacer dans un faux monde ? Si ces mots ont un impact réel sur vous, votre travail sera fait.

Shri Nisargadatta Maharaj . L'amour de soi : Le rêve originel. Les Deux Océans.

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