mercredi 8 avril 2009

Entretien du 1er juillet 1981 (A la Source de la Conscience)

Visiteur : Le sommeil profond est non-connaissance, l’Absolu est au-delà de la connaissance et de la non-connaissance… Je ne comprends pas !

Maharaj : Pour commencer un enfant naît. Le bébé ne se connaît pas lui-même, les réactions de faim, de soif, etc se produisent toutes seules, ce sont des éléments physiques. La vie est présente, mais à l’intérieur l’état de connaissance n’est pas encore développé, il n’est pas mûr. Après un an ou deux le petit enfant se connaît, connaît sa mère, etc. Quand l’enfant se connaît, sa fonction « connaissance » a donc débuté.

Avant cela il y a ignorance – bien que ce soit de la non-connaissance il s’agit d’ignorance. Puis la connaissance « Je suis » est atteinte. Elle ne sait pas qui est, elle sait simplement que ce qui est, est quelque chose. Plus tard l’enfant commence a entassé les concepts et les idées dont les autres le nourrissent et développe certains concepts, certaines images concernant le monde et lui-même. L’esprit se développe. Le sommeil profond et l’état de veille se succèdent, il y a ce cycle quotidien. Quel que soit votre état d’esprit au sein de l’état de veille vous percevez le monde ainsi que vos concepts, puis vous sombrez dans le sommeil. Techniquement, vous pouvez appeler ce sommeil profond : non-connaissance, mais ce n’est pas la non-connaissance derrière laquelle repose l’Absolu.

Revenons à l’enfant : ignorance, connaissance, accumulation de concepts, rencontre du Guru. Le Guru lui dit « Débarrassez-vous des concepts, soyez vous-même ! » Donc il dit que lorsque vous êtes, c’est seulement Vous qui êtes. C’est la découverte initiale : il faut simplement demeurer dans la conscience d’être, sans mot. C’est une compréhension, une connaissance. Quand l’enfant a commencé à se connaître c’était également une compréhension, mais une compréhension d’ordre général, commune à tous. A présent cela devient de la spiritualité.

Le chercheur ayant compris ce que le Guru a dit, se débarrasse de ses concepts et à présent – première étape – il s’attache à « Je suis », uniquement à l’être.

La première des choses est la connaissance « Je suis », sans mot. Avec cette connaissance le monde est. Ensuite, quand le chercheur entre en méditation, la connaissance devient non-connaissance. C’est le plus haut état qui puisse être atteint en possession d’un corps parce que connaissance et non-connaissance sont deux aspects du corps. Le corps signifie conscience et dans la conscience coexistent connaissance et non-connaissance.

L’Absolu transcende connaissance et non-connaissance. La non-connaissance est donc ce qu’il y a de plus élevé dans la hiérarchie de la spiritualité, la destination étant la transcendance de la connaissance et de la non-connaissance.

V : Je croyais que la non-connaissance signifiait l’Absolu !

M : Connaissance et non-connaissance sont les expressions de la conscience corporelle. Lorsque l’instrument corps-de-nourriture conjoint à la conscience est totalement transcendé c’est l’Absolu.

La lumière est là, l’obscurité est là, mais quelle est la toile de fond, l’arrière-plan… ? L’espace ! L’espace est là, il n’est ni la lumière, ni l’obscurité mais cet espace est. Il vous faut transcender lumière et obscurité pour résider dans l’espace. De la même façon il faut transcender connaissance et non-connaissance, les deux aspects de la conscience corporelle. Si vous avez atteint cet état vous observez, à la fois, conscience et non-conscience. Cet état est appelé samadhi naturel ou sahaja samadhi.

C’est spontanément que vous atteignez cet état, mais l’instrument psychosomatique corps-conscience est toujours disponible. A l’instant où quelqu’un vient, l’instrument se met à fonctionner. Sitôt après vous retrouvez l’état Absolu.

On peut dire que c’est quelque chose comme ça : dans un hall immense il y a une porte et dans la porte un petit judas pour regarder à l’extérieur. Ce judas est la conscience ; vous l’utilisez, mais vous demeurez à l’intérieur !

Supposez que vous soyez dans un de ces satellites qui quittent la terre. Une fois dans l’espace vous aurez l’impression d’avoir échappé à la terre… mais ce n’est pas le cas, vous demeurez sous l’influence de son attraction. Il vous faut monter beaucoup plus haut dans l’espace, là où il n’y a plus aucune atmosphère ! Mais à quoi servirait d’aller là-haut ? cela ne se passe pas comme cela. Vous êtes véritablement l’Absolu et vous ne possédez que ces protections, ces couvertures inutiles.

Vous savez que vous êtes, puis vous oubliez que vous êtes. Cet oubli est non-connaissance, non-savoir, c’est l’état le plus haut. Vous ne pourrez jamais le décrire en mots, cet état n’est jamais capturé par les mots.

La compréhension est indispensable et il ne faut pas se tromper. Supposons que vous viviez dans l’état de non-connaissance. Vous ne devez pas vous prendre pour un Jnani simplement parce que cet état dispose de multiples pouvoirs.

Vous pouvez vous croire un Jnani, mais ce ne sera pas vrai, c’est un simple pas franchi. Ce stade est rempli de tentations. Quand vous êtes pure êtreté, qu’il n’y a plus de mots, alors vous êtes puissant. Mais il faut abandonner ces pouvoirs. Refusez de les posséder. 

 

Extrait de A la Source de la Conscience, Editions Les Deux Océans, 1991

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