Question : Conscience et témoin sont-ils identiques ?
Maharaj : La conscience est le témoin de tout ce qui est visible. Il existe un autre principe qui est le témoin de la conscience ; mais ce principe n’appartient pas à ce monde.
Q : Comment est-on le témoin de la conscience ?
M : Comment êtes-vous témoin du fait que vous êtes assis ? Avec ou sans effort ?
Q : Sans effort.
M : C’est pareil. Chaque fois que vous introduisez l’effort, c’est du point de vue du corps. La connaissance « je suis » constitue l’âme du monde en sa totalité. Le témoin de la connaissance « je suis » est antérieur à la connaissance « je suis » Essayez de vous comprendre comme vous êtes, sans ajouter de qualificatifs. Vous voulez faire exactement comme quand vous préparez divers plats avec divers ingrédients. Etre témoin ou pure conscience (awareness) , c’est comme d’observer votre sommeil profond. C’est exactement pareil.
Q : Je ne comprends pas.
M : Ce n’est pas du ressort de la compréhension. Vous devez vous contempler vous-même. Tout ce qui vient sur l’écran de contemplation est voué à disparaître. Le Contemplateur demeure.
Q : Le Contemplateur n’est-il pas lui aussi un concept du mental ?
M : Le concept et le mental sont tous deux des rayons de lumière issus du Contemplateur.
Q : Le « je suis » est-il la somme totale de ce qui est perçu ?
M : Oui. Le « je suis » apparaît et disparaît spontanément, il n’est pas permanent. Il est comparable à un monde de rêve. N’essayez pas d’être quelque chose, même pas un être spirituel. Vous êtes le manifesté. L’arbre est déjà contenu dans la graine. Il en est de même pour le « je suis ». Voyez-le tel qu’il est, sans plus. N’essayez pas d’interférer avec ce que vous voyez. Cela étant compris, de quoi pourriez-vous avoir besoin ?
Q : De rien.
M : Affermissez-vous dans cette conviction. La connaissance (jnâna) est l’âme de l’univers tout entier. Ne vous occupez pas des pouvoirs spirituels. Bien que vous ne vous en occupiez pas sciemment, des miracles peuvent se produire autour de vous. N’en réclamez pas la paternité. Un de vos disciples se trouvant à mille kilomètres de vous peut avoir une vision concrète de vous. Chaque fois qu’il loue votre connaissance, celle-ci prend une forme concrète. Ne croyez pas que vous ayez fait quelque chose. Tout comme le son imprègne l’espace en totalité, ainsi la connaissance « je suis » imprègnera tout le lieu. Une fois que vous aurez compris cela, la mort ne vous atteindra plus. Si vous croyez être un individu, vous mourrez forcément.
Celui qui est en quête de spiritualité veut être quelque chose ; soyez tel que vous êtes, tout simplement. Si on vient vous trouvez, vous parlerez automatiquement. Bien que vous puissiez ne pas avoir étudié les Vedas, vos mots seront identiques à ceux des Vedas et des Upanishads. En parlant, l’idée d’être un Jnâni ou d’avoir la connaissance ne vous effleurera même pas.
Q : Le « je suis » me pèse. Comment puis-je me défaire de ce fardeau ?
M : Peut-il être question de vous en défaire alors que ce n’est pas vous qui l’avez « mis en terre » ?
Q : Je sais, mais mon mental pense que je devrais le faire.
M : Le mental est-il capable de reconnaître le principe suprême ? N’écoutez pas le mental ; il suit le cours naturel qui lui est propre. Vous vous identifiez au mental et parlez en son nom. Quel degré d’obstination rendra le mental capable de faire des changements dans le ciel ou dans l’espace ?
L’espace est le monocle du « je suis », à travers lequel il observe le monde. Les cinq sens ne peuvent pas vous connaître, c’est vous qui connaissez les cinq sens.
Q : Qu’entendez-vous par « vous » ? Qui est ce « vous » ?
M : Etant donné que vous avez le sens de la dualité, j’entends celui qui en vous écoute.
Q : Je ne suis pas extérieur à la conscience.
M : En fait, vous l’êtes et le reconnaissez. Quand vous dites être la conscience, vous êtes le monde en totalité. Vous êtes séparé du « je suis ». « Je suis » est en soi une illusion. La connaissance « je suis » et le monde sont des artifices de la Mâyâ. Ils sont sans substance. En fait, les mots n’existent pas, vous parlez pour votre plaisir.
Vous savez qu’il y a la faim, la soif, les états de veille et de sommeil. Qu’êtes-vous sans eux ? Vous croyez qu’ils sont des besoins éternels, c’est l’artifice de Mûla Mâyâ (l’illusion originelle). Le « je suis » dure un certain temps. Combien de temps resterez-vous associé à ces besoins ?
Q : La mémoire fait apparaître le monde comme réel. Si la mémoire n’enregistre pas la couleur verte, il n’y a pas de couleur verte.
M : La mémoire est inhérente à « je suis ». La répétition relative est le jeu de la Mâyâ. Si vous ne pouvez dormir huit jours durant, allez-vous survivre ?
Q : Non.
M : C’est à dire que vous passerez au-delà des états de veille et de sommeil ; bref, l’illusion s’évanouira.
Q : Quand je m’éveille le matin, d’où la conscience « je suis » me vient-elle ?
M : Vous n’êtes pas encore en mesure de le comprendre. Elle est là, d’ores et déjà, et se reproduit – à la manière d’un film. Le produit chimique est Hiranyagarbha (l’embryon d’or) ; les Vedas l’appellent le principe suprême. Dans le sommeil profond, le « je suis » est oublié, il fait son apparition dans les états de veille et de rêve.
Q : Comment puis-je me rappeler les choses du passé ?
M : La mémoire est la faculté du « je suis ». Qui croyez-vous être ?
Q : Je suis le témoin.
M : De quoi ?
Q : De l’ensemble des activités du corps-mental.
M : Ce n’est que la qualité du corps-mental ; ce n’est pas la connaissance du Soi. Les vers se forment dans la nourriture avariée. Le corps est lui aussi de la nourriture avariée. Le Soi s’agite à l’intérieur. Quand le corps est en décomposition, le ver « je suis » est à l’œuvre. Le goût est « je suis », qu’il apprécie sans langue. Nous tirons trop de vanité de cette nourriture avariée. Que recherchez-vous ?
Q : La connaissance de mon vrai Soi.
M : Tant que vous croirez être le corps, vous n’obtiendrez pas la connaissance vraie. En Marathi, nous avons une expression : l’épouse d’emprunt, celle qui doit être rendue. Ce corps est de même d’emprunt, vous devrez le rendre. L’identification au corps doit cesser.
Q : Comment arrive-t-on à s’en débarrasser ?
M : Essayez d’explorer les états de veille et de sommeil profond. Ils sont liés au temps. Essayez d’expliquer ce que vous êtes sans l’expérience des états de veille et de sommeil.
Q : Je suis dans l’état non-verbal.
M : En êtes-vous sûr ? Les Vedas disent aussi « Ce n’est pas ceci, ce n’est pas cela », et à la fin gardent le silence parce que c’est au-delà des mots. Quand il n’y a ni sommeil profond ni état de veille, savez-vous que vous êtes, faites-vous l’expérience « je suis » ?
Q. Non.
M : Qui naît ? Vous ou les deux états ? Vous serez vite liquidé si vous continuez de venir ici. De ces deux états, lequel choisissez-vous comme étant vous ?
Q : Aucun.
Extrait de Graines de Conscience, Editions Les Deux Océans, 1982
« Le monde apparaît dans votre lumière. Lorsque vous comprendrez cela, vous comprendrez, comment, l’illusion de ce monde peut apparaître, surajoutée à la Réalité.
RépondreSupprimerExtrait de « Nisargadatta. Notes » de Mark West. Editions Charles Antoni / L’Originel. 2007
Bonjour Stéphane
Merveilleuse intuition que vous avez eu là, de faire un blog dédié à Nisa, car il est vraiment « le sage » du 21 ème siècle qui pourfend tel un maître zen la racine même de tous les maux, ce « je suis » avec qui tout le reste arrive ! Rare sont les sages qui ont eu ce langage tranchant comme un sabre tout en exprimant cela dans un amour inconditionnel. Je suis très heureux de prendre connaissance de votre initiative qui je suis sûr réveillera les personnes sincères dans cette connaissance authentique. Vous avez cité : «Seuls l'Ashtavakra et l'Avadhut Gita et tout près de nous la lumineuse présence de Bernard me touchent pareillement ! » .
Oui ces deux ouvrages sont des hymnes purs de ce que nous sommes…quand à Bernard que j’ai rencontré c’est l’expression de Ramana et Nisargadatta réunis !
Bonjour Vincent,
RépondreSupprimerMerci pour votre message.
"Je suis très heureux de prendre connaissance de votre initiative qui je suis sûr réveillera les personnes sincères dans cette connaissance authentique "
Oui, chaque page de Nisa peut nous faire basculer dans "l'éternité" comme ce fut le cas de Bernard. J'ai également eu le Bonheur de le rencontrer, c'est vraiment comme vous dites "l’expression de Ramana et Nisargadatta réunis"