Maharaj : Dans Nisarga (la nature) tout est lié au temps (saisons, semailles, moissons, etc…), mais la nature elle-même ne l’est pas. La nature n’est ni masculine ni féminine. Nombre d’Avatars viennent en ce monde puis le quittent, mais la nature, elle, n’est pas touchée. L’histoire de la nature est faite de toutes les impressions que votre mental a enregistrées depuis votre naissance. Tant que vous restez attaché à ces souvenirs il n’y aura pas de connaissance du Soi. Si vous vous contentez d’étudier les faits qui se sont produits dans la nature, l’histoire, la vie des grands hommes, et ainsi de suite, vous ne pouvez réaliser votre Soi. Vous devez aller en vous-même. Les faits remarquables qui se sont produits dans la nature disparaissent tous ici, aussi grand qu’ait été leur pouvoir. Ces situations apparaissent et disparaissent. Elles sont en fait sans consistance, ce qui est solide ici est la connaissance « je suis ». Le vu et la vision passent. Je ne parle que pour ceux qui sont prêts à m’entendre. Tout ce qui apparaît est voué à disparaître. L’apparition majeure est la connaissance « je suis ». Avant la naissance du corps elle est invisible et elle le redevient après sa mort, mais quand elle est visible c’est quelque chose de solide. Nombre de grands Sages sont apparus puis ont disparu à cause de la puissante graine « je suis ». Quand le prana quitte le corps, la connaissance perd son support et disparaît – elle devient invisible.
Ce que je vous expose est très profond. Vous pouvez faire l’expérience de Brahma lui-même, mais votre expérience aura une fin. Toute expérience a sa source dans la cellule « je suis ». La cellule et l’expérience disparaîtront l’une et l’autre. Même vos meilleurs souvenirs s’évanouiront un jour. La connaissance « je suis » est liée au temps, toutes vos connaissances germent dans le concept selon lequel vous êtes.
Des millions de Sages sont venus en ce monde puis l’ont quitté. Font-il à présent l’expérience de l’état « je suis » ? Ils n’avaient pas qualité de perpétuer leur être ; leur « je suis » est redevenu invisible. Les Sages ne peuvent pas changer un iota au monde. Tout ce qui arrive, arrive.
Question : Mais Maharaj a dit que l’existence d’un Jnâni était un bienfait pour le monde ?
M : Ces paroles s’adressaient à un ignorant, à quelqu’un qui est attaché au corps-mental. En l’absence du « je suis », quel besoin avez-vous ?
Q : Je suis perdu.
M : Qui parle ? A qui ?
Q : A moi-même.
M : Si vous (la connaissance « je suis ») êtes réellement perdu, comment pouvez-vous avoir le sentiment d’être perdu ? Vous vous laissez emporter par des concepts. Cette graine infinitésimale contient l’univers. Vous êtes à côté de la question, vous ne comprenez pas bien. Je vous parle et vous reparle sans cesse du principe « je suis ».
Découvrez votre identité. Tout ce qui apparaît va disparaître. Que peuvent faire actuellement Roosevelt ou Gandhi ? Là où ils avaient le commandement des changements se sont produits. Pourquoi ne parlent-ils pas ? Quand le prana quitte le corps, les grands Sages eux-mêmes perdent la parole.
Q : Dans la Gîta, Sri Krishna dit que partout où il y a détresse et où il n’y a pas de dharma, il viendrait rétablir les choses.
M : Le cycle est là, comme pour les saisons. Dans ce cycle, il faut comprendre le sens profond du Soi. Quand vous aurez résolu l’énigme du « je suis » toutes les questions s’évanouiront.
Q : Parfois je me sens bien, parfois mal ; parfois je suis heureux, parfois déprimé. Je sais que c’est à cause du mental ; les Vedas disent que le mental est né de la lune, d’où ses changements.
M : Ayez l’obligeance, à votre arrivée ici, de laisser de côté le mental. Le bon et le mauvais n’existent que dans le domaine du mental. Refusez ce qui vous vient du mental.
Q : Qui me dit de venir ici et de m’asseoir à vos pieds ?
M : Cela ne peut être exprimé en mots ; appelez-le comme vous voudrez. Lune signifie mental. Le mental est comparable à une substance liquide, étant donné son mouvement perpétuel. Contentez-vous d’observez le flot du mental, de l’observer avec innocence et calme, ne le reconnaissez pas comme étant vous. Soyez dans l’état « je suis » sans recourir aux mots. Vous donnez un sens aux mots, mais les mots finissent par disparaître ; en fin de compte les choses perceptibles et observables réintègrent l’état du non-perceptible et du non-observable. Découvrez ce processus. Petit à petit, vous le comprendrez et obtiendrez paix et repos. Vous ne faites rien. Les choses arrivent. Vous parlez de connaissance, cette connaissance provient de ce que vous avez lu et entendu. A moins d’avoir confiance dans votre Soi, vous devez vous en remettre à l’autorité des autres, mais moi je vous parle à partir de mon état réel ; je vous en parle selon mon expérience, selon ma vision, sans citer l’autorité de la Gîta ou du Mahabharata. Quand vous parler de la Gîta, il faut savoir qu’elle se rapporte à vous, que chacun de ses mots se rapporte à votre Soi.
Extrait de Graines de Conscience, Editions Les Deux Océans, 1982
M : Ayez l’obligeance, à votre arrivée ici, de laisser de côté le mental. Le bon et le mauvais n’existent que dans le domaine du mental. Refusez ce qui vous vient du mental.
RépondreSupprimer-Bernard enfonçait le clou continuellement sur ce point « laissez tomber le mental, bien qu’il participe, il ne comprendra jamais, vous êtes avant le mental. Je ne m’adresse pas à des chercheurs mais à ceux qui sont fatigués de toutes recherches et qui désirent par dessus tout fondre en cela » !
Maharaj : Avez-vous déjà rencontré un cadavre de conscience ? Il n’y a rien que vous puissiez appréhender comme étant vous-même, aucune forme, aucun concept ne pourra jamais vous mener nulle part mais leur source ce par quoi l’objectivation, la conceptualisation a lieu, voilà le principe primordial et c’est ce que vous êtes.
-C’est toujours des paroles qui laissent le silence de ce que nous sommes se reconnaître immédiatement……..