Visiteur : En méditant, quand je cherche à me stabiliser au-delà des pensées, je rencontre les ténèbres, le vide, l’absence. Je n’aime pas cet état.
Maharaj : Ne voyez-vous pas ce qu’il se passe ?... Vous êtes toujours là ! Avant de vous stabiliser dans le Soi il subsiste encore des traces d’intellect.
Cette machine est auto-propulsive. Quand vous approfondissez cela, son élan vous aide à chasser tous les doutes de votre esprit. C’est essentiellement la connaissance de vous-même que vous savourez ; tous les restes de mémoire, pensées, sont alors complètement arrachées, comme des mauvaises herbes.
C’est le stade « Vous êtes – vous n’êtes pas », la frontière. A partir du moment où vous savez que vous êtes, c’est la dualité. Quand vous ne savez pas que vous êtes, tout est parfait. Mais il faut suivre l’ensemble du processus. Dans le sommeil profond vous ne savez pas non plus que vous êtes, mais il s’agit d’un état grossier. Dans l’état de veille il vous faut reculer, remonter jusqu’à cet état vide de tout connu.
La connaissance, qu’est-ce que c’est ? C’est le cachet officialisant la réservation « Je suis ». Vous réservez un appartement en construction, mais où est l’appartement ? Vous ne l’avez pas, vous avez seulement la réservation… Pour « Je suis » c’est la même chose, il n’est qu’une réservation de votre état Absolu.
V : Qu’est-ce qui donne le courage de se transcender dans le vide que l’on sait être là ?
M : Le besoin profond de comprendre ce que l’on est, de se comprendre Soi-même. Remonter veut seulement dire « rentrer à l’intérieur ». Votre tendance habituelle est de sortir de vous au travers des cinq sens pour regarder le monde. Renversez ce mouvement à présent : « je ne suis pas le corps, je ne suis pas l’intellect et les pensées, je ne suis pas les sens ». Arrivé là vous êtes stabilisé dans la conscience. Une fois stabilisé dans la seule conscience tout autre événement se produit automatiquement. Stabilisé, vous vous répandez dans la manifestation : « J’étais, je suis, je serai dans cet état originel antérieur à l’apparition du sentiment « Je suis ».
Pourquoi le terrible nom de cette maladie qui affecte mon corps n’a-t-il aucun effet sur moi ? Ce que Je suis n’a rien à voir avec ce qui est là baptisé d’un nom de maladie… voilà pourquoi !
V : Que pense Maharaj des différentes religions ?
M : En ce qui me concerne toutes les religions sont basées sur concepts et émotions. Ces émotions sont si puissantes, si envahissantes que l’on s’immole volontiers pour elles.
S’unir totalement à une autre personnalité peut, émotionnellement, être tellement intense que ceux qui s’identifient à Jésus-Christ portent sur le corps les traces de la crucifixion ! Toutes ces expériences sont totalement inutiles. Un individu s’est identifié à un autre individu ! Or tant que l’individualité persiste, il est impossible à la Réalité de se révéler.
Ne répétez pas ce que vous avez entendu comme des perroquets, à moins d’avoir la même conviction que moi. Je connais mon état avant l’apparition du corps et de la conscience. J’en ai la connaissance, j’en suis pleinement averti ! Ecouter simplement ces paroles ne suffit pas, il vous faut être un avec la conscience. Ne considérez pas cette connaissance « Je suis » comme secondaire, elle est la force dynamique de l’univers entier.
Les expressions de la conscience sont sans limites, si vous vous laissez entraîner dans ces expressions vous vous égarez. Abandonnez-vous et devenez un avec votre conscience, donnez-vous à elle. Elle seule est à même de vous révéler le processus conduisant à sa propre dissolution.
Extrait de A la Source de la Conscience, Editions Les Deux Océans, 1991
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