lundi 2 mars 2009

Entretien du 19 juillet 1980 (A la Source de la Conscience)


Maharaj : Dans cette hiérarchie spirituelle allant du plus grossier au plus subtil, vous êtes le plus subtil. Comment en prendre conscience ? La base de tout est cette absence d’être où tout d’un coup apparaît le sentiment « Je suis ». Au moment même où il apparaît vous voyez l’espace, l’espace mental…Stabilisez-vous là dans ce subtil espace semblable au ciel pur. Vous êtes Cela. Lorsque vous parvenez à vous stabiliser dans cet état vous êtes uniquement espace. Quand cette identité « Je suis » semblable à l’espace disparaît, cet espace disparaît lui aussi, il n’y a plus d’espace. Quand ce « Je suis » semblable à l’espace tombe dans l’oubli il s’agit de l’état nirguna, sans forme, sans être. Que s’est-il réellement passé ? Ce message « Je suis » n’était pas un message ! Je ne peux pas dire grand chose de plus à ce sujet car il n’y a aucune possibilité de le mettre en mots.

Visiteur : Est-ce que Maharaj entre en samadhi ?

M : Je suis stabilisé au plus haut. Il n’est plus question d’entrer ou de sortir de samadhi, tout cela est fini.

V : Devons-nous continuer la méditation ?

M : Ce que je viens de dire ne doit pas vous servir de prétexte à ne plus poursuivre la méditation. Vous devez persévérer jusqu’au stade où vous ressentez qu’il n’y a pas de méditation. Quand le but de la méditation est atteint elle se détache tout naturellement.

V : Quelle est la voie menant à l’état suprême ?

M : Il n’est pas question d’atteindre cet état. Vous êtes l’état suprême. Quelle que soit votre ignorance elle se dissipera.

Les médecins m’ont dit que je ne devais pas parler, alors je me tais à présent.

V : N’existe-t-il pas un désir de ne pas mourir, de ne pas perdre votre corps ?

M : Un Jnani n’est pas concerné par cela.

V : Ne demeure-t-il pas un dernier attachement ne venant pas du Soi mais du corps ?

M : On peut le dire, c’est lié en quelque sorte à l’activité administrative de l’être.

Voici un problème difficile. Il vous faut rejetez et vous débarrasser de tout ce que vous savez, de tout ce que vous avez lu et en même temps posséder une conviction absolue sur Cela dont personne ne sait la moindre chose. Vous ne pouvez vous procurer aucune information sur Cela et pourtant, sur Cela, vous devez avoir la conviction la plus totale. Que c’est difficile !

Beaucoup atteignent l’état qui est, mais personne ne va jusqu’à l’état qui n’est pas. Il est très rare que quelqu’un atteigne cet état, un état qui transcende toutes connaissances, tout savoir.

Le savoir « Je suis » est le plus essentiel. Proclamez-le, revendiquez-le comme vôtre. S’il n’est pas là, il n’y a rien. La découverte des différents états n’est possible qu’à l’aide de ce savoir conscient « Je suis ».

La conscience « Je suis » surgit spontanément de l’Absolu, état de non-connaissance, et il n’y a pour cela aucune raison, aucune cause. Elle est apparue spontanément puis elle a adopté le corps en tant qu’elle-même, s’identifiant en tant que masculin ou féminin. Ce « Je suis » possède son propre amour de la vie, de l’être ; il veut persister, se prolonger mais il n’est pas éternel !

Ce spectacle éphémère peut être comparer à la situation suivante. Supposons que je sois très bien, puis que tout d’un coup je tombe malade. Le docteur vient, me donne une médecine et trois jours plus tard ma fièvre a disparu. Ces trois jours de fièvre sont comme la conscience « Je suis ». C’est exactement la même chose, un spectacle transitoire, un état lié au temps. Il ne s’agit pas de dénigrer ce principe « amour de l’être et de la vie », c’est un principe sacré ! Ce sentiment « Je suis » contient le cosmos tout entier.

Il est dit que tout ceci est irréel. Quand est-ce certifié irréel ? Quand on comprend qu’il s’agit d’une phase temporaire, parce que le processus de cette compréhension se déroule dans l’Absolu et seulement de l’Absolu est reconnu qu’il s’agit d’un état irréel et temporaire.

Dans mon état actuel il n’est pas possible de parler longtemps. Ce qui rend ma tâche difficile est que vous acceptez tout ce qui vous entoure en tant que réalité et j’ai à vous prouver le contraire, ce qui exige beaucoup de paroles que je ne suis pas actuellement en état de fournir.

Allez, partez maintenant… ! Commencez les bhajans

 

Extrait de A la Source de la Conscience, Editions Les Deux Océans, 1991

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