vendredi 27 février 2009

Entretien du 11 mai 1980 (A la Source de la Conscience)

Maharaj : Dans le corps la conscience observe, elle est un témoin de ce qui arrive, quant au comportement il dépend des trois gunas. La conscience pénètre toutes choses, elle est sans forme, semblable à l’espace.

Est-ce qu’une maladie, une douleur, a une forme ? Il s’agit simplement d’un mouvement au sein de la conscience. Le connaisseur de la conscience, lui, ne ressent pas la douleur et c’est uniquement parce que la conscience s’est identifiée au corps que ce corps ressent la douleur. Même si le corps est blessé, s’il est inconscient il n’y a pas de douleur car ce n’est pas le corps qui ressent la douleur. Quand il se produit une perturbation dans l’équilibre des cinq éléments entre eux, la maladie apparaît et maladie et douleur sont ressenties par la conscience.

Tout comme à l’approche de l’hiver il y a de moins en moins de chaleur, quand il y a de moins en moins d’identification avec le corps, la douleur est de moins en moins ressentie. Lorsqu’une absence totale d’identification est atteinte cela peut aller jusqu’à plonger sa main dans le feu sans ressentir la moindre douleur. La brûlure du feu se produira mais la douleur ne sera pas ressentie.

Supposons qu’à un certain moment je ressente une douleur et que survienne un événement qui détourne mon attention. Cet événement constitue une diversion et je ne ressens plus la douleur éprouvée auparavant ! Souvent j’éprouve une démangeaison sur tout le corps et je me gratte, mais je ne veux pas le faire quand je suis assis avec vous et je supporte la démangeaison. Du fait de cette tolérance, elle disparaît. Autrement, si on commence à se gratter cela ne fait qu’empirer et, la peau écorchée saignant, la démangeaison se poursuit toujours. En marathi il y a un proverbe qui dit « Ne provoquez pas la démangeaison par le grattage ». La plupart des douleurs ressemblent à cela si vous leur prêtez attention, vous les suscitez et ensuite vous avez à en prendre soin. Ne leur prêtez pas attention, ignorez les symptômes et ils seront déroutés. Vous devez posséder la capacité d’ignorer ou de supporter la douleur.

La conscience dans le corps demeure intouchable, c’est sa nature. Quand vous vous identifiez au corps vous pouvez la souiller conceptuellement, mais de par sa nature elle est très pure. Le souffle vital est aussi très pur, mais l’être est encore plus pur. Je parle ici d’Atman, le Soi. Une telle compréhension à de quoi développer un grand sentiment de frustration en celui qui ne voit pas les choses sous leur vrai jour. L’intention est de montrer les choses dans leur véritable perspective. L’ayant vu, vivez votre vie dans le monde au mieux de vos capacités.

L’immortalité est au-delà du temps et de l’espace. Dans cette existence de non-temps et de non-espace les cinq éléments n’ont aucun accès, pas plus que l’obscurité ou la lumière, le soleil ou la lune. L’existence dépourvue de temps et d’espace ne sait pas qu’elle est. Voilà la réalité, voilà la vérité.

Normalement, un chercheur ordinaire ne comprends pas où je veux ne venir parce que ce qu’il recherche est un objet dont il puisse jouir. Que désirez-vous en tant que chercheur de vérité ? Des avantages dans le monde vous permettant d’améliorer votre vie quotidienne ! C’est le maximum de ce que vous espérez obtenir de la spiritualité. Les soi-disant Sages poursuivant une démarche spirituelle ont, eux aussi, fixé leur ambition sur la perspective d’une vie quotidienne confortable...

Pourquoi ce foutu être est-il là ?... Cela, personne ne se le demande !

Seuls ceux pour qui péchés et vertus ont touché à leur fin visitent cet endroit avec profit. Tant que cette tare – la conviction d’être un intellect et un corps – subsistera, vous ne comprendrez pas.

L’ensemble total de tous ces entretiens est appelé Sat-Guru-Parabrahman, un état sans demandes, sans besoins. Mon état est ce qui n’a jamais connu la création ou la dissolution de l’univers. Jusqu’ici je n’ai pas parlé de cela ; je demeure immuable au travers des créations et des dissolutions de l’univers. 

 

Extrait de A la Source de la Conscience, Editions Les Deux Océans, 1991

3 commentaires:

  1. c'est toujours une joie de lire et relire les entretiens de Nisa.........quelle limpidité et évidence, c'est un martellement constant de l'évidence qui est toujours là!
    Rare ont été les sages qui sont allés droit au but sans aucune concession pour l'intellect et le corps.

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  2. Génial Stéphane ! continue...

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  3. Merci pour vos messages !
    Comme le dit si bien Vincent "cette limpidité et cette évidence" de Nisa se trouvent dans tous ses entretiens. Le but de ce blog est de donner envie d'aller plus loin à ceux qui ne le connaissent pas encore (et donc de se procurer les livres). Le choix des entretiens est très difficile, il faudrait tout recopier ! Une quinzaine d'entretiens sont prêts, ensuite on verra bien...

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